.... (signe d'intelligence et de mépris à la fois) rendrait plus heureux, selon les neurosciences
Olivia Bokhobza
Faut-il être intelligent pour être heureux? Et si un changement d’état d’esprit inédit pouvait nous mener plus rapidement vers la réussite et le bonheur?
Quelles sont les clés pour être heureux? Comment activer les bons leviers en s'appuyant sur nos atouts et les différents types d’intelligence dont nous sommes dotés? Enfin, quel est le rôle des autres ? Plusieurs études soulignent que les personnes particulièrement intelligentes sont aussi plus enclines à la solitude. Si elles ont tendance à attirer spontanément les autres, elles seraient, de leur côté, peu intéressées par la socialisation à outrance, allant même jusqu’à trier leurs relations pour ne choisir que des profils au même degré d’intelligence qu’elles. L’intelligence pourrait alors mener davantage au cynisme qu'au bonheur.
Jamil Zaki, professeur de psychologie à l’université de Stanford et directeur de leur "Lab Neuroscience" a justement exploré la question de la cohabitation possible entre le cynisme et la quête de bonheur. Il a publié récemment un ouvrage sur la question: “Hope for Cynics: The surprising science of Human Goodness”, littéralement: De l’espoir pour les cyniques : les surprenantes découvertes scientifiques sur la bonté humaine .
S’auto-proclamant lui-même "cynique en voie de guérison", ce professeur affirme clairement, preuves à l’appui : le cynisme n’est pas une qualité et certainement pas le signe d’une intelligence supérieure.
PEUT-ON ETRE HEUREUX EN ETANT CYNIQUE ?
La croyance populaire voudrait, en effet, que les “grands” de ce monde aient des traits de caractères assez marqués notamment par un cynisme exacerbé. Pour ne citer qu’un exemple, la personnalité de Steve Jobs illustre cette idée. Pour Jamil Zaki, les recherches nous montrent au contraire que le cynisme est un désavantage sur bien des plans et ne reflètent pas nécessairement une intelligence supérieure.
“Bien que ce trait soit socialement valorisé dans bien des cultures, notamment au Royaume-Uni (beaucoup d’Anglais perçoivent le cynisme comme à la pointe du chic et de la sagesse !), il est en fait délétère sur de nombreux plans – et largement mythifié”, explique-t-il dans une interview donnée à nos confrères de L’ Express. Ce professeur a creusé ce sujet en reprenant de nombreuses études scientifiques jusqu'à comprendre que les personnes cyniques finissaient finalement par être parfois plus malades et sujettes à des troubles anxieux, entre autre.
LE SCEPTICISME PLEIN D’ESPOIR: LA FORME D’INTELLIGENCE A CULTIVER POUR ETRE HEUREUX
Un changement d'état d'esprit en faveur d'un "scepticisme optimiste" serait, selon notre expert, synonyme de meilleurs résultats que la tendance cynique. Pour lui, nous pouvons gagner en bonheur, en réussite et ce, que ce soit sur un plan personnel ou professionnel, en cultivant un type d’intelligence spécifique, que tout le monde peut développer : il s'agit d'une philosophie basée sur l'optimisme qui est un vecteur clé de réussite. ”Les non-cyniques gagnent régulièrement plus d'argent au cours de leur carrière”, confie Jamil Zaki à L’express.
La solution proposée par cet expert pour aider les cyniques à être plus heureux est ainsi celle d’un "scepticisme plein d'espoir": Il s’agit de trouver la parfaite balance entre le positivisme, sans tomber dans l’excès, et la méfiance raisonnable. Comme le souligne Zaki, le scepticisme de l'espoir consiste à appliquer un état d'esprit scientifique proche de la pensée critique.
Quitter le cynisme ne signifie donc pas perdre en intelligence et en sens critique, bien au contraire ! En adoptant une attitude de sceptique plein d’espoir, on peut questionner les faits, être critique mais curieux et s’ouvrir à des découvertes humaines et informatives qui vont renforcer notre intelligence sociale et nous mener vers l’action et la réussite alors que cynisme plonge souvent dans l’inaction.
Ainsi, pour être plus heureux, cultiver l’intelligence sociale et émotionnelle, ne cesser de se questionner et d’apprendre des autres semble être l’attitude la plus propice.