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Psychologie

  • Voici la clé révélée d’un cerveau plus jeune

    image générée par I.A.

    Une vaste étude publiée dans Nature Aging le 10 novembre 2025 vient de révéler que parler plusieurs langues pourrait ralentir le vieillissement du cerveau. Menée auprès de plus de 80.000 participants à travers 27 pays européens, cette recherche montre que les personnes multilingues ont deux fois moins de risques de présenter des signes de vieillissement biologique accéléré que celles qui ne maîtrisent qu’une seule langue.

    UNE ETUDE D’AMPLEUR INEDITE

    Sous la direction du neuroscientifique Agustín Ibañez, de l’Université Adolfo Ibáñez de Santiago, les chercheurs ont cherché à trancher une question ancienne: le multilinguisme protège-t-il réellement le cerveau contre le déclin cognitif?

    Jusque-là, les études disponibles restaient limitées par des échantillons trop restreints et des méthodes de mesure du vieillissement parfois approximatives. Cette fois, l’analyse de 86.000 adultes âgés de 51 à 90 ans, tous en bonne santé, offre un cadre bien plus solide. Les chercheurs ont calculé pour chacun un "écart d’âge bio-comportemental", c’est-à-dire la différence entre leur âge réel et leur âge prédictif, estimé à partir de données physiologiques, sociales et comportementales (état de santé, niveau d’éducation, mode de vie).

    Résultat: les participants parlant plusieurs langues présentent un écart plus faible, signe d’un vieillissement cérébral ralenti. Ces conclusions rejoignent plusieurs travaux antérieurs suggérant que le bilinguisme stimule la mémoire, la concentration et la flexibilité mentale. En maintenant le cerveau constamment actif, la pratique de plusieurs langues renforcerait les connexions neuronales et améliorerait la résilience cognitive face au temps.

    UN EFFET PROTECTEUR CONFIRME PAR LES NEUROSCIENCES

    Pour Christos Pliatsikas, chercheur en neurosciences cognitives à l’Université de Reading, au Royaume-Uni, cette étude marque un tournant: jamais un échantillon aussi large n’avait permis d’observer une corrélation aussi nette entre le multilinguisme et le ralentissement du vieillissement cérébral.

    Selon lui, ces résultats pourraient "révolutionner le domaine" de la recherche sur le vieillissement cognitif. Même enthousiasme du côté de Susan Teubner-Rhodes, psychologue cognitive à l’Université d’Auburn, en Alabama, qui y voit une incitation concrète à pratiquer activement une langue étrangère au quotidien.

    Selon elle, entretenir plusieurs langues, ou en apprendre une nouvelle, serait une forme d’entraînement mental aussi bénéfique qu’une activité physique régulière pour le corps. Au-delà de la linguistique, cette découverte ouvre une perspective sociale et éducative: promouvoir le multilinguisme dès le plus jeune âge pourrait devenir un outil de santé publique.

    Si le cerveau est un muscle, alors apprendre à dire "bonjour" dans plusieurs langues ne relève plus du luxe culturel, mais d’un véritable geste préventif contre le temps.

  • Quand l’intelligence artificielle "ressuscite" nos proches disparus

    image générée I.A. par moi

    La "résurrection numérique" est censée apporter du réconfort aux familles qui ont perdu un proche en reconstituant leur voix et en les " faisant parler " avec un réalisme troublant. En Chine, aux États-Unis, au Japon ou en Espagne, des entreprises proposent désormais des services de " deadbot " aux particuliers. Cette ingénierie, permise par l’intelligence artificielle, ne va pas sans poser de sérieux problèmes éthiques et juridiques.

    Il y a quelques mois, les Espagnols ont pu voir à la télévision des personnes qui écoutaient des reconstitutions numériques des voix de leurs proches décédés générées par l’intelligence artificielle à partir de données audio réelles. Cette pratique a suscité bien des débats sociétaux et professionnels, car ces reconstitutions imitent les voix des morts pour dire des mots poignants qui provoquent des réactions intenses chez les survivants.

    La résurrection numérique consiste à se servir de l’IA pour recréer certaines caractéristiques des personnes décédées, comme la voix ou l’apparence physique. Même si elle peut offrir un réconfort momentané, une telle pratique soulève des questions de fond sur les plans éthique, philosophique et juridique.

    LE RISQUE DE CREER DE FAUX SOUVENIRS

    La principale implication philosophique de la résurrection numérique est qu’elle remet en question la notion même d’existence. En recréant la voix ou l’image d’une personne décédée, on peut se dire que l’on prolonge son existence ou, à l’inverse, que l’être recréé n’est qu’une pâle copie.

    L’essence d’un être humain ne saurait se résumer à un ensemble de réponses programmées ou à une image sur un écran, et il semble peu probable qu’une simulation numérique soit en mesure de saisir la profondeur et l’expérience, les émotions et les pensées d’une personne.

    La mémoire joue ici un rôle important. La résurrection numérique peut être considérée comme une tentative de la préserver, de maintenir la présence de ceux que nous avons perdus. Cependant, la mémoire humaine n’est pas statique: elle sélectionne, modifie, déplace et s’adapte. En recréant numériquement un être cher, on court le risque d’altérer nos véritables souvenirs avec la personne. Est-il éthique de s’accrocher à une représentation artificielle, plutôt que de laisser nos souvenirs évoluer au fil du temps?

    Commencez votre journée avec des articles basés sur des faits.

    QU’EST-CE QUE L’IDENTITE?

    L’identité est un réseau complexe d’expériences et de relations. En tentant de recréer quelqu’un, on pourrait se dire qu’on essaie de bien cerner son identité. Il y a pourtant de grandes chances d’aboutir à une version idéalisée, conforme à nos propres attentes et désirs.

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  • Comment les standards de beauté remodèlent facilement le cerveau,

     selon les neuroscientifiques

    Notre cerveau serait facilement modelable pour suivre les standards de beauté établis par la société, ce qui peut avoir des conséquences néfastes sur la santé mentale. Cela est particulièrement préoccupant à l’ère des réseaux sociaux, où les idéaux de beauté évoluent rapidement. Mais heureusement, cette malléabilité suggère également qu’il peut être remodelé en réorientant les circuits sous-tendant la satisfaction vers des valeurs plus saines.

    La perception erronée de son apparence ou de sa silhouette, par exemple comme étant plus large ou plus mince que l’on n’est en réalité, constitue un problème de santé mentale croissant. Ce phénomène représente en effet un facteur de risque de trouble de l’humeur, d’anxiété et de dépression, de troubles du comportement alimentaire (qui peuvent aussi affecter la santé physique) et d’autres problèmes de santé mentale.

    Outre la pression sociale, d’autres facteurs, comme les médias populaires (magazines, cinéma…), peuvent contribuer à cette perception erronée de l’apparence. Ces médias ont fait évoluer les idéaux sociaux de beauté au fil des générations. Dans les années 2000, les critères étaient par exemple orientés vers des styles audacieux mêlant maquillage coloré et accessoires brillants. Inversement, le style " clean girl ", devenu populaire vers 2022-2023, s’inspire davantage du minimalisme, privilégiant des façons de se maquiller s’efforçant de paraître "naturel".

    Un contraste de perception similaire s’observe avec la silhouette, les idéaux évoluant fortement selon les époques. Dans les années 1920, la minceur androgyne, inspirée de la figure de la "garçonne", dominait, tandis que les années 1950 ont vu réapparaître la valorisation des formes plus rondes et des tailles marquées.

    Cependant, à l’ère des réseaux sociaux, ces critères se transforment à une vitesse inédite, ce qui inquiète les neuroscientifiques quant à leurs impacts potentiels sur la santé mentale". Chaque nouvel idéal promet une perfection inaccessible à la majorité, alimentant ainsi la comparaison et le manque de confiance en soi ", explique dans un article publié dans The Conversation Laura Elin Pigott, maître de conférences en neurosciences et en neuroréadaptation, et responsable de formation au sein du Collège des sciences de la santé et de la vie à l’Université London South Bank.

    D’après la chercheuse, des études ont montré que le sentiment d’inadéquation aux critères de beauté est désormais véhiculé non seulement par les réseaux sociaux, mais également par les circuits profonds de notre cerveau". Comprendre cette science est porteur d’espoir. Si nos perceptions peuvent être éduquées, elles peuvent aussi être rééduquées, nous permettant ainsi de reprendre le contrôle sur ce que signifie la beauté ", estime l’experte.

    DES IDEAUX BASES SUR LA REPETITION

    Nous grandissons généralement avec une préférence pour les traits symétriques et esthétiques. Notre cerveau associerait ces traits à une bonne constitution génétique, ce qui en ferait un avantage évolutif. Les systèmes de récompense et d’apprentissage, notamment le noyau accumbens et le cortex orbitofrontal, s’activent en réponse à ce que l’on considère comme " beau " et libèrent de la dopamine, un neurotransmetteur associé au plaisir et à la motivation. Elle est également libérée lorsque nous pensons correspondre à ces critères.

    Cependant, des études ont montré que notre perception de la beauté est extrêmement changeante et qu’elle est davantage façonnée par ce que nous voyons de manière répétée. Autrement dit, plus on voit quelque chose, plus on a tendance à l’apprécier – un phénomène que les psychologues appellent "effet de simple exposition".

    Une expérience a par exemple montré que les personnes considéraient les visages comme plus attirants après les avoir vus à plusieurs reprises. Les régions cérébrales impliquées dans la récompense et la reconnaissance faciale étaient plus actives à mesure que l’expérience était répétée. Les signaux liés à l’attention et aux émotions étaient également renforcés.

    Ces observations suggèrent que les régions responsables des critères de beauté mettent constamment leurs "modèles" à jour et que le cerveau apprend en permanence à trouver certaines références gratifiantes ou non. Cela expliquerait pourquoi notre société peut rapidement s’adapter à de nouveaux idéaux, même si ceux-ci sont radicalement différents les uns des autres.

    Cette malléabilité signifie également que nos idéaux de beauté peuvent dériver vers des critères malsains. Une étude a par exemple montré que les personnes souvent exposées à des visages retouchés numériquement manifestaient par la suite un intérêt moindre envers ceux sans retouches et se sentaient aussi moins satisfaites de leur apparence". Lorsque nos fils d’actualité sur les réseaux sociaux sont remplis d’images idéalisées et retouchées, notre système de récompense se met à privilégier ces signaux", explique Pigott.

    DES IDEALISATIONS EXACERBEES PAR LES RESEAUX SOCIAUX

    D’après l’experte, les réseaux sociaux pourraient exacerber le phénomène, les algorithmes proposant des contenus uniformisés et toujours plus attrayants. Cela pourrait accroître le manque d’estime de soi et l’anxiété liée à l’apparence, en particulier chez les adolescents. L’utilisation fréquente de filtres beauté serait d’ailleurs associée à une préoccupation croissante pour l’apparence et à une perception déformée de la réalité.

    Toutefois, si l’exposition répétée à des images idéalisées peut modeler le cerveau, l’effet inverse pourrait aussi se produire en diffusant davantage d’images réalistes et diversifiées. Pour ce faire, Pigott recommande de sélectionner les publications sur les réseaux sociaux pour inclure différents types de silhouettes, de teints et d’âges". Développer sa résilience implique aussi de modifier nos sources de récompense. Les mêmes zones du cerveau qui réagissent à l’apparence physique s’activent également face aux réussites, aux liens sociaux, à la créativité et à la bienveillance ", souligne-t-elle.

    "La science est formelle: notre cerveau réagit à ce qu’on lui présente. Forts de ce constat, nous pouvons prendre conscience de la manipulation et choisir de reprendre le contrôle de notre perception de la beauté", conclut-elle.