Entendre des voix que les autres n'entendent pas est une expérience significative. De la même façon que les rêves, ces voix font partie intégrante de l’histoire personnelle des personnes concernées. Pourtant, dans les services de santé mentale, le modèle dominant veut que les soignants ne se préoccupent que de la présence ou de l'absence des voix, et pas du tout de leur sens.
Quand on se réfère aux bibles des diagnostics psychiatriques,le DSM-5 américain ou l’ICD-10 de l’Organisation mondiale de la santé, les hallucinations auditives sont décrites comme les symptômes d’une maladie mentale, la schizophrénie. La plupart des spécialistes pensent que les voix sont dues à des facteurs génétiques et biochimiques, et ne les envisagent jamais comme des réponses pleines de sens à certains événements de la vie, dans certains contextes. Bien que moins d’1 % de la population soit diagnostiquée comme " entendant des voix ", des enquêtes internationales menées sur différentes populations dans le monde montrent qu’une personne sur huit a déjà expérimenté une hallucination auditive au moins une fois dans sa vie.
Je fais partie des personnes qui ont eu une telle expérience une seule fois dans leur vie (enfin, une seule fois pour le moment). Le jour qui a suivi la mort d’un de mes amis dans un accident de voiture, il y a des années de cela, il m’a parlé. Bien que j’aie travaillé pendant des années comme psychologue clinicien, aidant les autres à interpréter les voix qu’ils entendaient, mon premier réflexe a été de penser que je devenais fou. Et puis, je me suis rendu compte qu’il était simplement venu me dire au revoir, et que le fait que ce soit le fruit de mon imagination avait peu d’importance.