Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

sciences - Page 2

  • Pourquoi anticiper aide-t-il à réussir?

    EN PSYCHOLOGIE, QUE SIGNIFIE L’ANTICIPATION?

    Anticiper est la faculté que nous avons de prendre des décisions en étant capables de prévoir ses conséquences à la fois sur le plan temporel et spatial. L’anticipation est étroitement liée à la réflexion et, par conséquent, elle inclut aussi la capacité de prédire l’impact de nos actes sur notre environnement, sur la suite à donner à nos activités et sur notre comportement.

    Le verbe anticiper tire sa signification de ses racines latines. En latin, anticipere signifie prendre les devants. L’importance de l’anticipation se répercute de multiples façons sur le plan psychologique. Savoir anticiper est étroitement lié à de nombreux problèmes: avancer, prévoir, devoir faire du sur place, avoir trop ou pas assez d’attentes, etc.

    En vérité, et de manière plus globale, l’anticipation est un processus mental qui est au centre de toute activité humaine. Elle vise à éliminer le plus possible l’incertitude inhérente à toute prise de décision.

    Qui anticipe bien doit être en mesure de prévoir un déroulement futur de la manière la plus complète et la plus précise possible.

     

    Puisque l’anticipation est un processus mental qui occupe une place prépondérante chez l’humain, nous disposons tout naturellement, dans notre cerveau, des ressources nécessaires pour réduire le risque associé à nos prises de décision et aux actes qui en découlent. Parmi ces dispositifs, il y a l’imagerie mentale encore peu étudiée, mais suscitant de plus en plus d’intérêt de la part des chercheurs.

    À moyen terme, notre modèle, dépendra de plus en plus de votre soutien direct.

    Shianne Morales/Unsplash.

    L’IMAGERIE MENTALE

    Le cerveau est un formidable simulateur. Il peut aisément simuler des sensations, des actions, en fait tout type d’expériences.

    La capacité de répéter mentalement une action avant de l’exécuter, ou l’imagerie motrice, intéresse particulièrement les entraîneurs et les athlètes.

    Lorsque nous pratiquons l’imagerie mentale, notre cerveau traite l’information nécessaire à la répétition d’un mouvement ou d’une séquence par le biais de différentes régions du cortex pariétal. Ces zones sont précisément les mêmes que celles qui contrôlent la force ou la posture requise pour exécuter le mouvement en question, mais aussi celles qui servent à construire une image mentale du corps et de l’espace dans lequel le mouvement est effectué.

    Les recherches sur l’imagerie motrice sont particulièrement importantes, car elles ouvrent une fenêtre sur les relations qui existent entre la représentation mentale d’une action et la manière dont celle-ci sera éventuellement exécutée.

    L’imagerie motrice et l’imagerie mentale sont deux cousines proches. Ces processus sont effectués soit inconsciemment, ou consciemment dans le cadre d’un entraînement.

    Des efforts de recherche accrus sont nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre. Un domaine qui est particulièrement intéressant à explorer est la connaissance et le contrôle qu’a un individu de ses images mentales.

    Quelle est la nature exacte de cette expérience cérébrale et comment peut-on développer une véritable compétence dans ce domaine?

    d’autant plus importantes que nous avons trop souvent tendance lorsque nous planifions un projet à nous en remettre à la solidité de nos intentions, ce qui a pour effet d’introduire un biais optimiste dans la prédiction des résultats.

    Si nous voulons que nos prédictions soient plus réalistes, il nous faut reconnaître que dans bien des cas, nous avons sous-estimé plusieurs obstacles.

    Selon une équipe de chercheurs canadiens, trois raisons peuvent être invoquées pour expliquer ce déficit:

        Les prédictions se concentrent surtout sur les intentions et dans une moindre mesure sur les barrières à leur réalisation.

        Certaines barrières ont été tout simplement ignorées, ou d’autres ont été mal comprises.

        Même lorsque certaines contraintes ont été correctement évaluées et comprises, nous persistons en octroyant un pouvoir démesuré dans la force de nos intentions.

    Une solution consisterait à utiliser l’imagerie mentale pour améliorer la qualité et la fiabilité de nos prédictions.

    MAIS QU’EST-CE, AU JUSTE, QUE L’IMAGERIE MENTALE?

    On peut analyser l’imagerie mentale selon deux points de vue: soit l’image est perçue (nos yeux perçoivent un chat et l’image se constitue dans notre cerveau); soit l’image est construite mentalement (nous ne voyons pas réellement un chat, nous l’imaginons en puisant dans notre mémoire les données relatives à la morphologie d’un chat).

    Prenons le point de vue de l’image construite.

    Une image peut soit s’être imposée d’elle-même, inconsciemment, sans que nous le voulions, ou elle peut avoir été volontairement générée par notre cerveau.

    Nous générons sans cesse et volontairement des images mentales: des objets de toutes sortes dont nous voulons nous remémorer la forme ou le fonctionnement, des événements de la vie quotidienne, des souvenirs. Nous nous servons alors d’une région spécifique du cerveau, une cache visuelle.

    Une fois que le cerveau a généré une image mentale, elle disparaît rapidement. Le temps moyen d’une image mentale n’est que de 250 ms, le temps d’un battement de paupières! Cela suffit pourtant pour analyser l’image et au besoin la transformer. Même lorsque nous nous efforçons de conserver cette image en tête, elle finit par disparaître après quelques secondes.

    Une fois générée et maintenue dans le champ de perception, une image est examinée et traitée: quelles sont ses caractéristiques géométriques, ses dimensions? Quelle est la forme d’une oreille d’un chat? Comment l’oreille se déforme-t-elle exactement lorsqu’un chat prête subitement attention à un bruit suspect? D’autres régions du cerveau entrent en scène lorsqu’il s’agit d’analyser une portion d’une image en particulier, ou de scanner une image.

    Une image peut ensuite être mentalement transformée à des fins créatives ou d’interprétation. Le cerveau peut la tourner sur elle-même, la modifier, en changer les formes et les couleurs. Le cerveau procède enfin à une synthèse des différentes composantes qui ont été modifiées en les assemblant de nouveau pour créer une image d’ensemble cohérente.

    Enfin, l’imagerie mentale est aussi et surtout une expérience éminemment subjective. Nous reconstruisons intérieurement ce que nos sens nous suggèrent, en y ajoutant toutefois une note personnelle. Cette modulation s’effectue selon, par exemple, la clarté, la vivacité des images mentales, notre mémoire, notre pensée créatrice.

    Nous avons donc à notre disposition tout un arsenal pour construire une image mentale forte et convaincante.

    L’objectif étant de canaliser ces ressources pour construire une image cohérente et persuasive de l’histoire complète et détaillée du projet à venir. Un script mental suffisamment élaboré et constamment mis à jour de toutes les étapes et de tous les obstacles prévisibles du projet à mener à bien.

    SIMULEZ VOS PROJETS POUR LES MENER A BIEN!

    Ce script pourra ensuite servir de guide pour la simulation d’un projet et l’évaluation des obstacles à surmonter pour le mener à bien. Peut-être pourrions-nous ainsi pallier ainsi au défaut que nous avons de sous-estimer l’importance des obstacles que nous devons franchir pour réaliser un projet?

    Le système que j’ai développé pour le cours en ligne Dessinez votre futur incorpore, entre autres, des méthodes d’anticipation basées sur ces recherches. J’ai très hâte de voir les résultats que nous obtiendrons, la première édition sera lancée sous peu, si vous souhaitez atteindre vos objectifs et aimez les expériences,

    Auteur: Sylvie Gendreau - Chargé de cours en créativité et innovation, Polytechnique Montréal

    The Conversation - CC BY ND

     

  • Les IA, nos nouvelles confidentes: quels risques pour la santé mentale?

    Image générée par moi par I.A.

    Depuis le lancement, en novembre 2022, de ChatGPT, l’agent conversationnel développé par OpenAI, les intelligences artificielles génératives semblent avoir envahi nos vies. La facilité et le naturel avec lesquels il est possible d’échanger avec ces outils sont tels que certains utilisateurs en font même de véritables confidents. Ce qui n’est pas sans risque pour la santé mentale.

    Les grands modèles de langage, autrement dit les intelligences artificielles " génératives " telles que ChatGPT, Claude et autre Perplexity, répondent à de très nombreux besoins, que ce soit en matière de recherche d’informations, d’aide à la réflexion ou de résolution de tâches variées; ce qui explique l’explosion actuelle de leur utilisation scolaire, universitaire, professionnelle ou de loisir.

    Mais un autre usage de ces IA conversationnelles se diffuse à une vitesse impressionnante, en particulier chez les jeunes: l’équivalent de discussions entre amis, pour passer le temps, questionner ou échanger des idées et surtout se confier comme on le ferait avec un proche. Quels pourraient être les risques liés à ces nouveaux usages?

    UN TERRAIN PROPICE A UNE ADOPTION RAPIDE

    La conversation par écrit avec les intelligences artificielles semble s’être banalisée très rapidement. À noter d’ailleurs que s’il existe des IA utilisant des échanges vocaux, elles semblent cependant moins utilisées que les échanges textuels.

    Il faut dire que nous étions depuis de longues années déjà habitués à échanger par écrit sans voir notre interlocuteur, que ce soit par SMS, par e-mail, par " tchat " ou tout autre type de messagerie. Les IA génératives reproduisant remarquablement bien l’expression verbale des êtres humains, l’illusion de parler à une personne réelle est quasiment immédiate, sans avoir besoin d’un avatar ou d’une quelconque image simulant l’autre.

    Immédiatement disponibles à toute heure du jour et de la nuit, conversant toujours sur un ton aimable, voire bienveillant, entraînées à simuler l’empathie et dotées, si ce n’est d’une "intelligence", en tout cas de connaissances en apparence infinies, les IA sont en quelque sorte des partenaires de dialogue idéales.

    Nous y sommes presque! Nous avons atteint 90% de notre objectif.

    Il n’est dès lors pas étonnant que certains se soient pris au jeu de la relation, et entretiennent des échanges suivis et durables avec ces substituts de confidents ou de "meilleurs amis". Et ce, d’autant plus que ces conversations sont "personnalisées": les IA mémorisent en effet les échanges précédents pour en tenir compte dans leurs réponses futures.

    Certaines plate-formes, comme Character.ai ou Replika, proposent par ailleurs de personnaliser à sa guise l’interlocuteur virtuel (nom, apparence, profil émotionnel, compétences, etc.), initialement pour simuler un jeu de rôle numérique. Une fonctionnalité qui ne peut que renforcer l’effet de proximité, voire d’attachement affectif au personnage ainsi créé.

    Voici à peine plus de dix ans, le réalisateur Spike Jonze tournait le film Her, décrivant la relation amoureuse entre un homme sortant d’une difficile rupture et l’intelligence artificielle sur laquelle s’appuyait le système d’exploitation de son ordinateur. Aujourd’hui, il se pourrait que la réalité ait déjà rejoint la fiction pour certains utilisateurs des IA génératives, qui témoignent avoir entretenu une "romance numérique" avec des agents conversationnels.

    Des pratiques qui pourraient ne pas être sans risque pour l’équilibre mental de certaines personnes, notamment les plus jeunes ou les plus fragiles.

    DES EFFETS SUR LA SANTE MENTALE DONT LA MESURE RESTE A PRENDRE

    Nous constatons aujourd’hui, dans tous les pays (et probablement bien trop tard…), les dégâts que l’explosion de l’usage des écrans a causés sur la santé mentale des jeunes, en particulier du fait des réseaux sociaux.

    Entre autres facteurs, une des hypothèses (encore controversée, mais très crédible) est que la désincarnation des échanges virtuels perturberait le développement affectif des adolescents et favoriserait l’apparition de troubles anxieux et dépressifs.

    Jusqu’à aujourd’hui, pourtant, les échanges menés par l’intermédiaire des réseaux sociaux ou des messageries numériques se font encore a priori principalement avec des êtres humains, même si nous ne côtoyons jamais certains de nos interlocuteurs dans la vie réelle. Quels pourraient être les conséquences, sur l’équilibre mental (émotionnel, cognitif et relationnel) des utilisateurs intensifs, de ces nouveaux modes d’échanges avec des IA dénuées d’existence physique?

    Il est difficile de les imaginer toutes, mais on peut concevoir sans peine que les effets pourraient être particulièrement problématiques chez les personnes les plus fragiles. Or, ce sont précisément celles qui risquent de faire un usage excessif de ces systèmes, comme cela est bien établi avec les réseaux sociaux classiques.

    À la fin de l’année dernière, la mère d’un adolescent de 14 ans qui s’est suicidé a poursuivi les dirigeants de la plate-forme Character.ai, qu’elle tient pour responsables du décès de son fils. Selon elle, son geste aurait été encouragé par l’IA avec laquelle il échangeait.

    En réponse à ce drame, les responsables de la plate-forme ont annoncé avoir implémenté de nouvelles mesures de sécurité. Des précautions autour des propos suicidaires ont été mises en place, avec conseil de consulter en cas de besoin.

    Une rencontre entre des personnes en souffrance et un usage intensif, mal contrôlé, d’IA conversationnelles pourrait par ailleurs conduire à un repli progressif sur soi, du fait de relations exclusives avec le robot, et à une transformation délétère du rapport aux autres, au monde et à soi-même.

    Nous manquons actuellement d’observations scientifiques pour étayer ce risque, mais une étude récente, portant sur plus de 900 participants, montre un lien entre conversations intensives avec un chatbot (vocal) et sentiment de solitude, dépendance émotionnelle accrue et réduction des rapports sociaux réels.

    Certes, ces résultats sont préliminaires. Il paraît toutefois indispensable et urgent d’explorer les effets potentiels de ces nouvelles formes d’interactions pour, si cela s’avérait nécessaire, mettre tout en œuvre afin de limiter les complications possibles de ces usages.

    Autre crainte: que dialoguer avec un "fantôme" et se faire prendre à cette illusion puissent aussi être un facteur déclenchant d’états pseudo-psychotiques (perte de contact avec la réalité ou dépersonnalisation, comme on peut les rencontrer dans la schizophrénie), voire réellement délirants, chez des personnes prédisposées à ces troubles.

    Au-delà de ces risques, intrinsèques à l’emploi de ces technologies par certaines personnes, la question d’éventuelles manipulations des contenus – et donc des utilisateurs – par des individus mal intentionnés se pose également (même si ce n’est pas cela que nous constatons aujourd’hui), tout comme celle de la sécurité des données personnelles et intimes et de leurs potentiels usages détournés.

    IA et interventions thérapeutiques, une autre problématique

    Pour terminer, soulignons que les points évoqués ici ne portent pas sur l’utilisation possible de l’IA à visée réellement thérapeutique, dans le cadre de programmes de psychothérapies automatisés élaborés scientifiquement par des professionnels et strictement encadrés.

    En France, les programmes de ce type ne sont pas encore très utilisés ni optimisés. Outre le fait que le modèle économique de tels outils est difficile à trouver, leur validation est complexe. On peut cependant espérer que, sous de nombreuses conditions garantissant leur qualité et leur sécurité d’usage, ils viendront un jour compléter les moyens dont disposent les thérapeutes pour aider les personnes en souffrance, ou pourront être utilisés comme supports de prévention.

    Le problème est qu’à l’heure actuelle, certaines IA conversationnelles se présentent d’ores et déjà comme des chatbots thérapeutiques, sans que l’on sache vraiment comment elles ont été construites: quels modèles de psychothérapie utilisent-elles? Comment sont-elles surveillées? et évaluées? Si elles devaient s’avérer posséder des failles dans leur conception, leur emploi pourrait constituer un risque majeur pour des personnes fragiles non averties des limites et des dérives possibles de tels systèmes.

    Les plus grandes prudences et vigilance s’imposent donc devant le développement ultra-rapide de ces nouveaux usages du numérique, qui pourraient constituer une véritable bombe à retardement pour la santé mentale…

    Auteur: Antoine Pelissolo - Professeur de psychiatrie, Inserm, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC) - membre du Parti socialiste

    The Conversation - CC BY ND

  • L'impact encore trop peu connu du changement climatique sur nos cerveaux

    Le lien entre santé cérébrale et dérèglement climatique a récemment été mis en lumière à travers un mini-documentaire de 16 minutes diffusé le 18 mai et réalisé par FutureNeuro, centre irlandais de recherche sur les sciences cérébrales translationnelles (RCSI) de l'Université de médecine et des sciences de la santé. Réalisé en partenariat avec la Ligue internationale contre l'épilepsie (ILAE), le film rappelle que plus de trois milliards de personnes dans le monde souffrent de troubles neurologiques. Or, de récentes recherches établissent un lien entre l'augmentation des températures et une exacerbation des symptômes de certaines maladies neurologiques sensibles aux variations de températures. C'est par exemple le cas chez les personnes atteintes du syndrome de Dravet, une forme d'épilepsie grave et rare chez l'enfant, chez qui une hausse soudaine des températures est susceptible de provoquer la survenue plus fréquente de crises, ainsi qu'une altération des fonctions cérébrales.

     

    "Le cerveau est la clé de notre réponse aux défis de notre environnement et de nombreuses parties du cerveau sont sensibles à la température à laquelle elles doivent travailler. Par conséquent, si le cerveau est déjà affecté par une maladie, il peut être plus vulnérable aux défis posés par les effets du changement climatique. Alors que le changement climatique continue de s'aggraver, il est essentiel que nous soyons attentifs à ses effets sur les personnes atteintes d'affections neurologiques dans le monde entier", souligne dans un communiqué Sanjay Sisodiya, président de la commission sur le changement climatique de l'ILAE. Ce professeur en neurologie au Collège universitaire de Londres est également auteur d'une étude parue en 2024 dans la revue The Lancet Neurology, qui démontre que des températures extrêmes (qu'elles soient basses ou élevées) sont susceptibles d'exacerber les troubles liés à 19 maladies neurologiques, dont la démence, l'épilepsie et la migraine.

    Docteurs.ur