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société - Page 8

  • Pourquoi avons-nous parfois un trou de mémoire?

    La science a trouvé l'explication

    Imaginez-vous soudain incapable de vous rappeler ce que vous alliez dire. Cette expérience déroutante du "black-out mental" touche chacun d'entre nous. Les neuroscientifiques ont récemment percé certains mystères de ce phénomène qui occupe jusqu'à 20 % de notre temps d'éveil. Que se passe-t-il vraiment dans notre cerveau durant ces moments de vide total?

    Le "trou de mémoire", cette sensation d'avoir l'esprit qui se vide complétement, constitue une expérience universelle. Pourtant, ce phénomène restait peu documenté scientifiquement jusqu'à récemment. Une analyse approfondie de 80 études publiée dans la revue Trends in Cognitive Sciences offre désormais un éclairage étonnant sur les mécanismes cérébraux impliqués dans ces moments où notre pensée semble s'évaporer. Cette recherche révèle non seulement pourquoi nous subissons ces déconnexions mentales, mais aussi pourquoi certaines personnes y sont plus sujettes que d'autres.

    Le sommeil local: quand des parties du cerveau s'endorment

    Contrairement aux idées reçues, le "trou de mémoire" n'est pas simplement une défaillance de concentration. Les électro-encéphalogrammes (EEG) révèlent un phénomène surprenant: pendant ces épisodes, certaines zones du cerveau entrent dans un état comparable au sommeil, produisant des ondes lentes caractéristiques, alors que la personne reste parfaitement éveillée.

    Ce "sommeil local" explique pourquoi ces moments surgissent particulièrement dans des contextes de fatigue intense. Les chercheurs ont identifié plusieurs conditions propices aux trous de mémoire:

        les périodes d'attention prolongée;

        la privation de sommeil;

        l'épuisement physique;

        les niveaux d'excitation cérébrale extrêmes (très hauts ou très bas).

    L'imagerie cérébrale par résonance magnétique confirme ces observations en montrant une désactivation notable des zones associées au langage, au mouvement et à la mémoire. Cette découverte correspond parfaitement aux symptômes ressentis: l'incapacité momentanée à formuler des pensées cohérentes ou à se souvenir d'informations pourtant familières.

    Les données scientifiques révèlent que nous passons en moyenne entre 5 et 20 % de notre temps avec "l'esprit vide". Cette proportion varie considérablement d'une personne à l'autre. Les études mettent en lumière que les personnes atteintes de TDAH (Trouble du Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité) connaissent ces épisodes plus fréquemment que les individus neurotypiques.

    Cette variation s'explique par les mécanismes de régulation de l'excitation cérébrale, qui diffèrent selon les profils neurologiques. Les chercheurs soulignent l'importance de distinguer le black-out mental de la simple rêvasserie: là où cette dernière implique des pensées floues mais présentes, le trou de mémoire correspond à une absence quasi totale de contenu mental conscient.

    Les manifestations courantes du phénomène incluent:

        des interruptions soudaines du dialogue intérieur;

        des lapsus d'attention en pleine conversation;

        l'incapacité momentanée à se rappeler des informations connues;

        la perte du fil de sa pensée en pleine activité.

    Les facteurs d'activation du vide mental

    L'hypothèse centrale avancée par les scientifiques relie les différentes formes de black-out mental à des variations des niveaux d'excitation cérébrale. Ces fluctuations entraînent des dysfonctionnements temporaires dans les mécanismes cognitifs essentiels comme la mémoire à court terme, le traitement du langage ou l'attention soutenue.

    Concrètement, ces épisodes surviennent typiquement dans deux contextes opposés: soit après une intense concentration mentale (comme lors d'examens prolongés), soit pendant des périodes de fatigue extrême. Cette dualité suggère que notre cerveau possède une "zone optimale" de fonctionnement, au-delà ou en deçà de laquelle les risques de déconnexion augmentent considérablement.

    Les modifications physiologiques, neuronales et cognitives associées expliquent pourquoi nous pouvons parfois nous retrouver littéralement " sans voix " ou incapables de nous rappeler ce que nous étions en train de faire. Cette compréhension ouvre de nouvelles perspectives pour la recherche en neurosciences cognitives, avec l'ambition de déterminer avec précision les seuils critiques où notre conscience semble momentanément s'éclipser.

    Ces découvertes sur les trous de mémoire nous rappellent la fragilité fascinante de notre conscience, cette faculté que nous considérons comme permanente mais qui s'avère bien plus intermittente que nous ne l'imaginons.

  • L'impact encore trop peu connu du changement climatique sur nos cerveaux

    Le lien entre santé cérébrale et dérèglement climatique a récemment été mis en lumière à travers un mini-documentaire de 16 minutes diffusé le 18 mai et réalisé par FutureNeuro, centre irlandais de recherche sur les sciences cérébrales translationnelles (RCSI) de l'Université de médecine et des sciences de la santé. Réalisé en partenariat avec la Ligue internationale contre l'épilepsie (ILAE), le film rappelle que plus de trois milliards de personnes dans le monde souffrent de troubles neurologiques. Or, de récentes recherches établissent un lien entre l'augmentation des températures et une exacerbation des symptômes de certaines maladies neurologiques sensibles aux variations de températures. C'est par exemple le cas chez les personnes atteintes du syndrome de Dravet, une forme d'épilepsie grave et rare chez l'enfant, chez qui une hausse soudaine des températures est susceptible de provoquer la survenue plus fréquente de crises, ainsi qu'une altération des fonctions cérébrales.

     

    "Le cerveau est la clé de notre réponse aux défis de notre environnement et de nombreuses parties du cerveau sont sensibles à la température à laquelle elles doivent travailler. Par conséquent, si le cerveau est déjà affecté par une maladie, il peut être plus vulnérable aux défis posés par les effets du changement climatique. Alors que le changement climatique continue de s'aggraver, il est essentiel que nous soyons attentifs à ses effets sur les personnes atteintes d'affections neurologiques dans le monde entier", souligne dans un communiqué Sanjay Sisodiya, président de la commission sur le changement climatique de l'ILAE. Ce professeur en neurologie au Collège universitaire de Londres est également auteur d'une étude parue en 2024 dans la revue The Lancet Neurology, qui démontre que des températures extrêmes (qu'elles soient basses ou élevées) sont susceptibles d'exacerber les troubles liés à 19 maladies neurologiques, dont la démence, l'épilepsie et la migraine.

    Docteurs.ur

  • Pourquoi n’avons-nous aucun souvenir de notre toute petite enfance? 

    Nous n’avons pas de souvenirs remontant avant l’âge de 2 ans, et très peu pour les moments vécus entre 2 et 6 ans. Pourtant, certains événements peuvent avoir d’importantes répercussions par la suite. Comment expliquer que des épisodes de vie dont on ne garde pas le souvenir puissent avoir de telles conséquences? C’est tout le paradoxe de l’amnésie de l’enfance.

    Dans son Dictionnaire des idées reçues, à l’entrée "Mémoire", l’écrivain Gustave Flaubert a noté: "Se plaindre de la sienne, et même se vanter de n’en pas avoir. "Cela dit, il est une mémoire assez défaillante pour chacun de nous: celle des moments de vie de la petite enfance.

    D’aucuns affirment peut-être se rappeler d’événements vécus avant l’âge de 2 ans. Il s’agit cependant plus probablement de souvenirs reconstruits à partir des récits des parents, ou de photographies, et non d’épisodes de vie réellement mémorisés: en réalité, les souvenirs relatifs aux deux premières années de vie sont absents.

    Cette amnésie de l’enfance est connue de longue date, toutefois les recherches menées ces dernières années ont montré que non seulement les adultes n’ont pas de souvenirs de moments vécus avant l’âge de 2 ans, mais qu’ils en ont également très peu pour les moments vécus entre 2 et 6 ans.

    Pourtant, on sait que des événements, notamment traumatiques, survenus précocement dans l’enfance peuvent avoir un retentissement considérable sur le développement émotionnel et cognitif, influençant ultérieurement nos comportements. Comment expliquer que des épisodes de vie dont on ne garde pas le souvenir puissent avoir de telles conséquences? C’est tout le paradoxe de l’amnésie de l’enfance.

    En cause: la mémoire épisodique

    Nous n’avons pas souvenir d’instants vécus avant 2 ans, mais c’est pourtant à cet âge que nous avons mémorisé les prénoms de nos proches, leurs visages, ou encore la signification de nombreux mots. Comment l’expliquer? C’est parce que cette mémorisation fait appel à la mémoire sémantique, c’est-à-dire une mémoire des faits et des concepts, tandis que la raison de l’absence de souvenirs précoce est à chercher du côté d’une autre mémoire: la mémoire épisodique.

    Celle-ci concerne les expériences personnellement vécues, autrement dit des épisodes de vie correspondant à un lieu et à un instant donné: le souvenir d’un repas de Noël, d’un anniversaire ou de tout autre événement auquel on a participé dans un contexte, un lieu et à un moment déterminés. Ce sont ces souvenirs qui sont oubliés avec l’amnésie de l’enfance.

    La mémoire épisodique est particulièrement tributaire d’une région du cerveau appelée hippocampe (dont la forme évoque celle de cet étrange poisson, d’où son nom), située dans le repli interne du lobe temporal. C’est à son niveau que démarre la dégénérescence des neurones de la maladie d’Alzheimer.

     

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