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Livre

  • Apprendre pour développer sa pensée critique et sculpter son cerveau

    Apprendre ne sert pas seulement à accumuler des connaissances; c’est surtout ce qui permet de penser par soi-même, écrit.

    l’auteur: Robert Durocher - Enseignant de sciences au secondaire à la retraite, l’auteur a notamment publié "Enseigner avec passion" (Éditions Crescendo).

    Chaque rentrée scolaire ramène la même interrogation dans la bouche de nombreux jeunes: "À quoi ça va me servir d’apprendre ça dans la vie?

    "La question est légitime. Quand on est adolescent, il est difficile de percevoir l’utilité immédiate d’une règle de grammaire, d’un théorème mathématique ou d’un mot nouveau appris en classe. Pourtant, apprendre est bien plus qu’une contrainte scolaire: c’est un investissement dans son avenir, une manière de développer sa pensée critique et même de transformer son cerveau.

    Les recherches en neurosciences le confirment: apprendre, c’est modifier l’architecture de notre cerveau. Chaque effort intellectuel active et renforce des réseaux de neurones, crée de nouvelles connexions et sculpte littéralement la matière grise. Ce processus, appelé neuroplasticité, prouve que le cerveau n’est pas figé. Il se façonne au gré des apprentissages, peu importe l’âge.

    Un exemple frappant: les chauffeurs de taxi londoniens, qui mémorisent des milliers de rues, développent une région plus volumineuse de leur hippocampe, zone clé de la mémoire spatiale. D’autres études montrent que même apprendre à jongler ou à nommer de nouvelles couleurs entraîne des changements mesurables dans le cerveau. Bref, chaque apprentissage laisse une trace biologique.

    Toutefois, apprendre ne sert pas seulement à accumuler des connaissances. C’est surtout ce qui permet de penser par soi-même. Dans un monde saturé d’informations, où les fausses nouvelles circulent aussi vite que les vraies, il devient vital de savoir comparer, douter, raisonner et analyser. Or, la pensée critique ne naît pas du néant: elle s’appuie sur des savoirs solides, construits au fil des lectures, des cours, des expériences. Plus on sait, plus on est capable de réfléchir avec autonomie et de se protéger des manipulations.

    L’apprentissage est aussi une source de liberté intérieure. Chaque mot nouveau enrichit notre vocabulaire et nous donne une meilleure capacité à nous exprimer et à convaincre. Celui qui maîtrise la langue et les idées dispose d’un outil puissant pour se faire entendre et respecter. Dans une société où la communication est omniprésente, cette compétence devient essentielle.

    Il ne faut pas oublier non plus que l’utilité d’un savoir n’est pas toujours immédiate. Une langue étrangère apprise au secondaire ou un raisonnement mathématique compris laborieusement peuvent devenir, 10 ans plus tard, la clé d’une rencontre, d’un emploi ou d’un projet. Les connaissances sont comme des graines: certaines germent vite, d’autres prennent du temps, mais toutes enrichissent le terreau de notre vie.

    Enfin, apprendre nourrit la confiance en soi. Comprendre un texte difficile, résoudre un problème, mémoriser un poème: autant de petites victoires qui montrent qu’on est capable d’avancer. Et cette confiance, une fois acquise, devient un moteur puissant pour affronter les défis de demain.

    Aux jeunes qui commencent une nouvelle année scolaire, j’aimerais lancer ce message: ne méprisez pas vos cours sous prétexte qu’ils vous semblent inutiles aujourd’hui. Chacun de vos apprentissages est un outil ajouté à votre coffre personnel. Vous ignorez encore lequel vous servira demain, mais soyez certains d’une chose: en apprenant, vous préparez bien plus qu’un examen, vous préparez votre vie.

  • La conscience, un mystère à décoder

    Qu’est-ce que la conscience? Quand commence-t-elle? Comment la mesurer? L’IA en est-elle douée? À l’occasion de la Journée internationale de la conscience (5 avril), retour sur un phénomène intime, universel mais mystérieux, que les neurosciences commencent tout juste à décrypter.

    LA CONSCIENCE: UNE DEFINITION ACCESSIBLE, MAIS UNE MESURE COMPLEXE

    D’un point de vue subjectif, la conscience semble être une notion simple: c’est l’état dans lequel nous sommes lorsque nous sommes éveillés. Pourtant, sa nature scientifique reste difficile à cerner. Le principal problème réside dans sa mesurabilité: comment déterminer si un être, humain ou non, est conscient?

    "Si vous me dites que vous êtes conscient, je vous crois. Mais, si j’ai devant moi un organisme incapable de me l’affirmer, ou une intelligence artificielle qui prétend l’être, je ne peux pas en avoir la certitude", explique Catherine Tallon-Baudry, directrice de recherche CNRS au Laboratoire de neurosciences cognitives computationnelles, à Paris.

    La conscience est un état subjectif. Elle ne peut pas être observée directement, contrairement à des paramètres biologiques mesurables comme le taux de glucose dans le sang ou l’activité cardiaque.

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  • Comment amener quelqu’un à faire librement ce que l’on désire?

    image générée par I.A.

    Publié en 1987, vendu à plus de 500 000 exemplaires en France, le Petit Traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens, de Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois, est un véritable phénomène de librairie.

    Fondé sur les recherches en psychologie sociale, l’ouvrage propose de connaître les techniques de manipulation auxquelles nous sommes confrontés quotidiennement ou qui permettent de convaincre.

    COMMENT AMENER QUELQU’UN A FAIRE LIBREMENT CE QU’ON DÉSIRE LE VOIR FAIRE?

    C’est à cette question, qui nous concerne probablement toutes et tous, que répondent Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois dans leur ouvrage, "Petit Traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens" (1987, rééd. 2024). Ils le font à la lumière des connaissances élaborées au fil des décennies pas les psychologues sociaux, depuis les travaux précurseurs de Kurt Lewin jusqu’à nos jours, et donc durant soixante-quinze années de recherches.

    L’un des mérites majeurs de l’ouvrage de Joule et Beauvois est d’avoir travaillé ce corpus expérimental au sein de l’espace francophone, notamment en rendant accessibles des recherches anglo-saxonnes jusque-là peu diffusées. Une conférence donnée par Robert-Vincent Joule à l’Université Grenoble Alpes illustre parfaitement cette logique de l’influence librement consentie.

    Dans la dernière édition augmentée et actualisée, parue en octobre 2024, les auteurs explicitent une trentaine de techniques d’influence dont l’efficacité est expérimentalement démontrée dans des recherches de laboratoire et de terrain. Ces procédures, qu’ils qualifient de techniques de manipulation, permettent de multiplier (par deux, par trois, parfois par dix) nos chances d’arriver à nos fins, pour le meilleur et pour le pire.

    La connaissance de ces techniques et des processus psychologiques en jeu donnent au lecteur des armes pour éviter de se faire manipuler et pour forger son esprit critique, le rendant moins poreux aux influences néfastes s’exerçant sur lui.

    Certains blogs de "vulgarisation" estiment même que l’ouvrage relève de l’utilité publique – une appréciation rare pour un traité de psychologie sociale.

    L’ouvrage concerne essentiellement les influences interpersonnelles, celles qui opèrent entre deux personnes (en famille, au travail, dans la rue, sur Internet, ou encore ici ou là entre un vendeur et un client), sans négliger pour autant les influences de masse.

    Les chercheurs en sciences de l’information et de la communication (SIC) s’intéressent aussi particulièrement à ces dynamiques, dès lors qu’elles s’inscrivent dans des dispositifs médiatisés (affichages, interfaces, plates-formes numériques) ou ritualisés (conférences, campagnes, échanges transactionnels). Enfin, le conditionnement évaluatif, sur lequel s’appuient volontiers les spécialistes du marketing.

    LE CONDITIONNEMENT EVALUATIF

    Vous écoutez la Marseillaise avant un match de football de l’équipe de France. La caméra passe lentement d’un joueur à l’autre. En plan serré, on voit le visage concentré de chaque joueur mais aussi le haut de chaque maillot avec le logo d’une certaine marque. Bien sûr, on ne prête pas attention à ce logo et pourtant, sans qu’on en ait conscience, la positivité de la Marseillaise, l’hymne national, va se transférer sur la marque, rendant ainsi plus probables les comportements d’achat attendus de la part des spectateurs. Les recherches qui illustrent ce phénomène sont légion.

    Une étude célèbre a ainsi montré l’effet du conditionnement évaluatif sur le choix d’un stylo en fonction d’une musique plaisante ou déplaisante. Les participants étaient amenés à regarder une publicité pour un stylo. Le stylo était de couleur bleue pour une moitié des participants et beige pour l’autre moitié. Une musique était diffusée, agréable pour certains, désagréable pour d’autres.

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