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Société - Page 9

  • Pourquoi les femmes enceintes oublient tout

    Une de mes amies m’a demandé récemment: "Comment se fait-il que j’oublie tout depuis que je suis enceinte?" Je lui ai répondu que je n’en savais rien, mais que j’allais me renseigner. Elle a alors ajouté "J’allais te demander autre chose, mais maintenant, ça m’échappe… "

    On entend souvent dire que la grossesse joue sur la mémoire des femmes. Mais existe-t-il pour autant un "cerveau de la grossesse "? La grossesse provoque de nombreux changements physiques, mais en quoi affectent-ils le cerveau? Pour répondre à la question de mon amie, et aussi pour essayer de répondre à toutes les questions qu’elle a oublié quand elle était enceinte, voici mon guide des – folles – neurosciences de la grossesse.

    NAUSEES MATINALES

    Plus de la moitié des femmes enceintes – jusqu’à 90 % selon certaines études – expérimentent des nausées ou des vomissements plus ou moins gênants, en particulier le matin. Les hospitalisations de la duchesse de Cambridge ont mis ce symptôme sous le feu des projecteurs: en effet, 1 % des femmes enceintes souffrent de nausées matinales plus sévères que la moyenne. C’est ce qu’on appelle l’hyperemesis gravidarum, qui peut causer perte de poids et déshydratation, et nécessite des soins médicaux. Mais, chez la plupart des femmes, les nausées matinales disparaissent au bout de 18 semaines.

    Les causes des nausées matinales ne sont pas parfaitement claires. Selon la théorie dominante, elles seraient une réaction à l’augmentation de l’hormone chorionique gonadotrope (hCG). La recherche montre qu’un taux élevé d’hCG dans le sang coïncide avec le pic de nausées matinales. Une corrélation temporelle intéressante, mais qui n’explique pas la cause des nausées matinales.

    Nous savons que le premier trimestre est capital pour le développement du fœtus: c’est la période pendant laquelle se forme son système nerveux central: un processus délicat, qui peut être perturbé par des toxines circulant dans le sang de la mère. Selon une recherche récente, les vomissements ont une fonction bien précise: ils servent à débarrasser le corps des aliments qui pourraient nuire à cette étape cruciale de développement.

    Les vomissements sont contrôlés par une structure médullaire du cerveau postérieur nommée area postrema. Il est intéressant de noter que cette zone est dépourvue de barrière hémato-encéphalique: elle est donc capable de détecter les toxines dans la circulation sanguine et dans le liquide céphalo-rachidien. La recherche prouve par ailleurs que l’area postrema est pourvue de détecteurs de hCG, ce qui pourrait expliquer pourquoi elle est particulièrement sensible au cours de la grossesse.

    De nombreuses observations viennent corroborer cette " théorie des toxines ": d’abord, les nausées matinales sont plus fréquentes dans des sociétés où l’innocuité de la nourriture est moins contrôlée; ensuite, elles ne touchent que les êtres humains (nous avons un régime alimentaire très varié, après tout); plus les nausées matinales sont fortes, moins le risque de fausse-couche est important. Enfin, beaucoup de femmes ont aussi naturellement moins envie de viande, de poisson et de certains fruits et légumes pendant la grossesse.

    Bien sûr, ces "toxines" n’ont rien de toxique pour une femme adulte en bonne santé, et le placenta fait un gros travail de filtrage des déchets et de lutte contre les infections. Les nausées matinales sont plutôt associées à des aliments qui peuvent héberger des micro-organismes avant leur réfrigération (comme la viande) ou aux légumes amers, dont le goût pouvait faire penser à nos ancêtres qu’ils n’étaient pas comestibles. C’est un système particulièrement sensible, et même si ces nausées sont particulièrement désagréables à vivre, elles représentent probablement un avantage pour le développement du bébé, à l’échelle de l’évolution.

    UN ODORAT PLUS DEVELOPPE

    Beaucoup de femmes disent comprendre qu’elles sont enceintes quand elles repèrent que leur odorat est soudain surdéveloppé – ce qu’on appelle scientifiquement l’hyperosmie. Bien que les anecdotes sur l’hyperosmie soient légion, la littérature scientifique reste très discrète à ce sujet. Quand on les questionne, environ 2/3 des femmes disent que leur odorat est plus développé que d’habitude quand elles sont enceintes. Une autre étude révèle que les femmes enceintes sont particulièrement sensibles à certaines odeurs, comme celle des aliments qui mijotent, la fumée de cigarette, les aliments avariés, le parfum et les épices.

    Quelques études se sont penchées sur les seuils de détection par l’odorat (à savoir le plus petit volume d’air qui permette de détecter une odeur) chez les femmes enceintes et chez les femmes non enceintes. Mais dans une étude qui impliquait le test de 6 odeurs différentes, aucune différence de détection n’a été notée entre les deux groupes.

    Au vu de ces résultats peu concluants (l’expérience scientifique venant contredire les déclarations subjectives des femmes), la recherche avance que les femmes enceintes n’ont pas forcément un sens de l’odorat plus développé, mais qu’elles sont peut-être plus douées que les autres pour identifier les odeurs.

    Une étude récente démontre ainsi que les femmes enceintes sont aptes à identifier une plus grande variété d’odeurs. Très tôt dans la grossesse – de la même façon que le corps rejette les aliments qui pourraient se révéler toxiques pour le développement du fœtus – les femmes ont une " dégoût olfactif " accru qui les pousse à éviter d’inhaler des substances dangereuses. Voilà qui pourrait expliquer pourquoi la fumée de cigarette et les aliments avariés sont particulièrement insupportables pour les femmes enceintes.

    Comme avec les nausées matinales, il y a un lien entre les pics de hCG et les changements de perception dans l’odorat des femmes. Mais on pense que ces changements hormonaux ne modifient pas l’organe olfactif lui-même. Des chercheurs suédois ont ainsi présenté différentes odeurs à des femmes enceintes et à des femmes non enceintes afin de mesurer leurs réponses cérébrales: ils ont découvert une amplitude plus grande et un temps de latence plus court de l’onde P300 chez les femmes enceintes, un changement de voltage qui reflète certainement le processus neural associé à la façon dont une personne analyse un événement. Cela tend à prouver que les changements hormonaux surviennent sur l’ordre d’un processus cognitif supérieur associé à notre perception des odeurs.

    LA QUESTION DE LA PERTE DE MEMOIRE

    Tandis qu’un certain nombre de femmes – comme mon amie – se plaignent de fréquents oublis pendant leur grossesse, les résultats de la recherche sont mitigés. Comme bien des changements qui surviennent pendant la grossesse, les fluctuations hormonales sont certainement en cause. Mais certaines femmes ne déplorent aucun problème de mémoire pendant leur grossesse.

    Une méta-analyse menée en 2008 explique que les femmes enceintes sont moins performantes quand on les soumet à des tests de mémoire; elles peinent particulièrement avec les tests de mémoire à court-terme et la mémorisation de mots.

    Dans une étude publiée en 2014, des chercheurs anglais ont soumis des groupes de femmes correspondant à chaque trimestre de grossesse ainsi que des femmes non enceintes à un test de mémorisation spatiale. Au fil des trimestres, les femmes enceintes étaient de moins en moins performantes aux tests de mémoire (leur score baissant en moyenne de 11,7 % entre le deuxième et le premier trimestre et entre le troisième et le deuxième trimestre). Quand ces résultats ont été comparés au niveau d’hormones de leur plasma sanguin, pourtant, il ne semblait pas y avoir de lien – autrement dit, les hormones ne jouent peut-être aucun rôle dans ces déficits de mémoire.

    Une étude intéressante publiée en 2008 a permis de relever que pendant la grossesse des souris, la neurogenèse (la naissance de nouveaux neurones) était moins active dans leur hippocampe. L’hippocampe est impliqué dans la consolidation de la mémoire à court terme en mémoire à long terme, mais permet aussi de naviguer dans l’espace – ce qui est très utile pour vous rappeler où vous avez garé la voiture, par exemple. Une autre étude, plus ancienne, montre qu’il n’y a aucune différence entre la taille du cerveau d’une rates enceinte et d’une rate non enceinte, à l’exception de leur hippocampe. Mais pour l’heure, aucune étude n’a permis d’observer le cerveau des femmes enceintes pour examiner d’éventuels changements dans l’hippocampe humain pendant la grossesse.

    Certains chercheurs pensent que la privation de sommeil ou le stress généré par l’immense bouleversement que représente une grossesse peuvent expliquer cette étourderie. Pour d’autres, c’est l’idée culturellement construite et très répandue d’un " cerveau de grossesse " qui rend les femmes plus conscientes de leurs petites erreurs pendant cette période particulière. Par ailleurs, l’arrivée d’une grossesse, en cassant des habitudes bien établies, peut aussi être source de confusion et perturber temporairement la mémoire des femmes.

    Bien qu’il y ait beaucoup de choses que nous ignorions encore sur les changements incroyables qui surviennent au cours de la grossesse, il paraît clair que les bébés tiennent à signaler leur présence bien avant de débarquer dans le monde, frétillants et hurlants.

    Auteur; Jordan Gaines Lewis - Postdoctoral researcher, Penn State

    The Conversation - CC BY ND

  • Non, TikTok ne rend pas les jeunes stupides: cette étude révèle 3 effets surprenants sur leur cerveau

    Image générée avec I.A. par moi

    Contrairement aux idées reçues parentales, TikTok ne détruit pas le cerveau des adolescents. Les dernières recherches neuroscientifiques de 2024-2025 révèlent des effets positifs méconnus sur le développement cognitif des jeunes. Cette découverte bouleverse notre compréhension des réseaux sociaux et remet en question les préjugés sur la génération Z.

    LE MYTHE DE LA DEGRADATION COGNITIVE DEMENTI PAR LA SCIENCE

    Les études récentes montrent que l'utilisation modérée de TikTok stimule certaines zones cérébrales liées à la créativité et à l'apprentissage multimodal. Contrairement aux allégations alarmistes, les neuroscientifiques observent une activation accrue des réseaux neuronaux responsables de l'innovation et de la résolution de problèmes chez les utilisateurs réguliers.

    Cette réalité contredit totalement l'image d'une génération "abrutie" par les écrans courts. Les jeunes développent en fait des compétences cognitives adaptées à leur environnement numérique, similaires à celles observées dans les programmes d'entraînement mental intensif.

    3 EFFETS SURPRENANTS VALIDES PAR LES NEUROSCIENCES

    Premier effet: l'accélération de la neuro-plasticité.

    Les vidéos courtes obligent le cerveau à traiter rapidement des informations visuelles, auditives et textuelles simultanément. Cette sollicitation multi-sensorielle renforce la flexibilité neuronale et améliore la capacité d'adaptation cognitive.

    Deuxième effet: l'optimisation de l'attention sélective.

    Contrairement aux accusations de dispersion, les utilisateurs de TikTok développent une aptitude remarquable à identifier et retenir les informations essentielles en quelques secondes. Cette compétence se révèle particulièrement utile dans notre société de l'information dense.

    Troisième effet: l'amplification de la créativité collaborative.

    La plateforme favorise l'émergence de nouvelles formes d'expression artistique et encourage l'innovation créative. Les jeunes explorent des formats narratifs inédits et développent leur intelligence émotionnelle à travers l'interaction sociale numérique.

    POURQUOI CETTE GENERATION DEVELOPPE DES SUPER-POUVOIRS COGNITIFS

    Les adolescents d'aujourd'hui évoluent dans un environnement informationnel radicalement différent de celui de leurs parents. Leur cerveau s'adapte naturellement à cette réalité, développant des capacités de traitement accéléré que les générations précédentes ne possèdent pas.

    Cette adaptation neurologique explique pourquoi 67% des jeunes Français cachent leurs nouvelles compétences à leurs parents, comme le révèle cette étude récente sur les adaptations générationnelles. Ils développent intuitivement des stratégies cognitives que les adultes peinent à comprendre.

    L'ERREUR D'INTERPRETATION DES ADULTES DECRYPTEE

    Les critiques parentales reposent sur une incompréhension fondamentale des mécanismes d'apprentissage moderne. Les adultes jugent les nouveaux formats selon leurs propres référentiels cognitifs, inadaptés aux réalités neuroscientifiques actuelles.

    Cette incompréhension générationnelle rappelle les phénomènes observés dans d'autres adaptations comportementales de la génération Z, où les jeunes développent des stratégies d'adaptation que les adultes interprètent à tort comme des dysfonctionnements.

    VERS UNE RECONCILIATION SCIENTIFIQUE PARENTS-ENFANTS

    Ces découvertes neuroscientifiques ouvrent la voie à une compréhension plus nuancée des usages numériques. Plutôt que de diaboliser TikTok, parents et éducateurs gagneraient à accompagner les jeunes dans l'exploitation optimale de ces nouveaux outils cognitifs.

    La science démontre que l'avenir appartient à ceux qui maîtrisent l'apprentissage multimodal. Les adolescents d'aujourd'hui ne subissent pas une régression cognitive, mais développent les compétences de demain. Cette révélation transforme radicalement notre approche éducative et notre vision de l'intelligence contemporaine.

  • 18 Juillet: jour de libération fiscale, rire quand même!

    POURQUOI NE PEUT-ON PAS SE CHATOUILLER SOI-MÊME?

    Lorsque vous vous grattez la plante de pied ou que vous frottez vos aisselles sous la douche, cela ne provoque probablement pas de réaction particulière en vous. Pourtant, si cette même stimulation tactile venait de quelqu’un d’autre, elle serait perçue comme une chatouille. Ce phénomène, bien connu de tous, soulève une question intrigante: pourquoi est-il si difficile de se chatouiller soi-même?

    À première vue, cette interrogation peut sembler anodine, mais elle révèle un mécanisme fondamental du système nerveux: la prédiction. Le cerveau n’est en effet pas un simple récepteur passif d’informations sensorielles. Il anticipe activement l’état du monde extérieur ainsi que l’état interne du corps afin de sélectionner les actions les plus appropriées. Cette capacité prédictive lui permet de filtrer les informations: les sensations inattendues, susceptibles de signaler un danger ou une nouveauté, retiennent particulièrement notre attention, tandis que les sensations prévisibles sont ignorées.

    La difficulté à se chatouiller soi-même illustre parfaitement ce principe de cerveau prédictif. Pour réaliser un mouvement, le cerveau envoie une commande aux muscles et, simultanément, une copie de cette commande (appelée" copie d’efférence") est transmise à d’autres aires cérébrales, notamment le cervelet. Ce dernier anticipe alors les conséquences sensorielles du mouvement en créant une sorte de simulation interne, quelques centaines de millisecondes à l’avance, de façon inconsciente mais extrêmement précise. Cette prédiction permet de différencier une sensation prévisible, générée par le corps lui-même, d’une sensation inattendue.

    Par exemple, si vous manquez une marche en descendant les escaliers, la discordance entre le contact anticipé et la réalité permet de corriger le mouvement très rapidement, avant même que votre pied ne touche le sol. Les prédictions du cerveau filtrent ainsi les perceptions sensorielles en sélectionnant les stimuli pertinents, évitant à notre capacité attentionnelle – très limitée – d’être submergée par une surcharge d’informations.

    Si vous échouez à vous chatouiller vous-même, c’est donc parce que votre cerveau prédit parfaitement la sensation cutanée à venir et l’atténue. En revanche, lorsqu’une autre personne vous chatouille, le stimulus n’est pas anticipé de façon aussi précise: l’information sensorielle passe à travers le filtre et est donc perçue avec plus d’intensité.

    Des études expérimentales confirment ce mécanisme: lorsque des participants se chatouillent eux-mêmes par l’intermédiaire d’un bras robotisé qui reproduit exactement leurs mouvements, la sensation de chatouille est atténuée. Cependant, si le mouvement du dispositif est légèrement décalé (par un délai ou une rotation), la sensation de chatouille devient plus intense. Ces résultats, fondés sur le ressenti subjectif des participants, sont également corroborés par des données d’imagerie cérébrale.

    Ainsi, pour un même stimulus tactile, l’activité du cortex somatosensoriel (zone du cerveau responsable de la perception du toucher) est plus élevée lorsque la stimulation est externe que lorsqu’elle est auto générée. Ce contraste suggère que le cervelet anticipe nos propres gestes et atténue l’intensité des sensations qui en découlent.

    Ce schéma illustre le protocole expérimental ayant permis de mettre en évidence l’atténuation sensorielle dans le cas des chatouilles. Les participants manipulent un levier avec la main gauche, tandis qu’un bras robotisé reproduit le mouvement en touchant doucement la paume de leur main droite, soit de manière identique (cas I), soit avec un léger décalage (cas II). Lorsque le mouvement est correctement anticipé (cas I), la sensation est atténuée.

    En revanche, elle est perçue avec davantage d’intensité en présence d’un décalage (cas II). François Dernoncourt

    L’ATTENUATION SENSORIELLE FAÇONNE NOTRE PERCEPTION

    Le principe d’atténuation des sensations produites par nos propres mouvements est omniprésent dans notre interaction avec le monde. Restons tout d’abord dans le domaine des perceptions somesthésiques – notre sens du toucher et du mouvement. Il a été démontré que l’atténuation sensorielle nous conduit à sous-estimer la force que nous exerçons. Ce biais perceptif pourrait contribuer à" l’escalade de la violence" que l’on observe parfois entre deux enfants qui chahutent. En effet, deux enfants qui jouent à la bagarre sous-estiment chacun la force qu’ils déploient, et ont l’impression que leur partenaire répond avec une intensité supérieure. Dans une logique de réciprocité, ils vont avoir tendance à progressivement augmenter la force de leurs coups, pensant seulement répliquer la force de l’autre.

    Le second exemple concerne cette fois le sens de la vision. Bien que nos yeux soient constamment en mouvement, nous percevons un monde stable. Pourtant, les seules informations visuelles ne permettent pas de faire la distinction entre le scénario où l’on balaie un paysage du regard et le scénario où le paysage tourne autour de nous alors que nous gardons le regard fixe – ces deux situations produisent des images identiques sur la rétine. Le fait que nous percevons un monde stable s’explique par le fait que le système nerveux anticipe les changements d’images induits par les mouvements oculaires et filtre les informations autogénérées.

    Pour l’expérimenter, fermez un œil, et appuyez légèrement sur le côté de l’autre œil en le gardant ouvert (à travers la paupière bien sûr). Cette manipulation crée une légère rotation de l’œil qui n’est pas générée par les muscles oculaires, donnant l’impression que le monde extérieur se penche légèrement.

    Cette illustration montre que la rotation du paysage autour de nous et la rotation de nos yeux produisent toutes deux la même image sur la rétine. Pour différencier ces deux situations, le cerveau" soustrait" le mouvement qu’il sait être dû à nos propres yeux, car il a lui-même envoyé une commande motrice à nos muscles oculaires. Ainsi, lorsque la rotation est autogénérée, nous continuons à percevoir le monde extérieur comme fixe et stable. François Dernoncourt

    MIEUX COMPRENDRE CERTAINES PATHOLOGIES?

    Le modèle du cerveau prédictif offre un cadre conceptuel intéressant pour comprendre certaines pathologies. En effet, une défaillance dans la capacité du système nerveux à prédire et atténuer les conséquences sensorielles de ses propres actions pourrait contribuer à des symptômes observés dans certaines maladies mentales. Par exemple, il a été constaté que l’atténuation sensorielle est souvent moins marquée chez les patients schizophrènes – et qu’ils sont d’ailleurs capables de se chatouiller eux-mêmes, dans une certaine mesure. Cela pourrait expliquer pourquoi ces patients perçoivent parfois leurs propres mouvements comme provenant d’une source externe, dissociée de leur volonté. De même, des monologues intérieurs qui ne sont pas suffisamment atténués pourraient être à l’origine des hallucinations auditives, où la voix perçue semble venir de l’extérieur.

    Ainsi, une question aussi simple et amusante que celle des chatouilles peut, lorsqu’on la prend au sérieux, révéler des mécanismes profonds de notre cerveau, et contribuer à une meilleure compréhension de notre rapport au monde.

    Auteur:  François Dernoncourt -  Doctorant en Sciences du Mouvement Humain, Université Côte d’Azur

    The Conversation - CC BY ND