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Société - Page 10

  • Est-on capable de lire dans les pensées?

    Communiquer par la pensée est chose courante chez les X-Men du Professeur Xavier. Cette capacité psychique a toujours fasciné les auteurs de science-fiction, mais saviez-vous que les scientifiques se sont également intéressés à la question? Hans Berger, un psychiatre allemand du début du XXe siècle, était convaincu que la télépathie était possible et voulait en découvrir les fondements biologiques.

    Dans sa quête, il a mis au point une technique d’enregistrement des signaux électriques de l’ensemble du cerveau humain: l’électro-encéphalographie. Il n’a par contre jamais réussi à démontrer l’existence d’une énergie psychique qui s’échangerait entre deux humains…

    Qu’en est-il aujourd’hui? Depuis son invention, l’EEG a ouvert de nouvelles fenêtres sur le fonctionnement mystérieux du cerveau. Cette technique nous permet-elle cependant de lire dans les pensées? La réponse est… pas vraiment; en tout cas, pas comme dans les films de science-fiction! Les neuroscientifiques s’intéressent à la cognition, c’est-à-dire aux processus mentaux comme les pensées, le raisonnement, la mémoire ou la manière dont on perçoit le monde. Enregistrer l’activité cérébrale permet de comprendre certains mécanismes de la cognition, mais de manière très cadrée et limitée.

    Pour comprendre, il faut revenir à ce qui est mesuré par EEG: des électrodes, placées sur la tête, captent le champ électrique créé par des centaines de milliers de neurones à la fois. Le signal EEG ainsi enregistré montre souvent des fluctuations d’activité. En 1924, Hans Berger a été le premier à observer que l’activité EEG pouvait varier de manière cyclique, augmentant puis diminuant toutes les 100 millisecondes. Il a appelé ce phénomène les oscillations alpha. Il remarque que ces oscillations sont plus amples lorsque les participants ferment les yeux, ce qui suggère un lien entre ces oscillations cérébrales et un comportement humain (fermer les yeux) et donc de potentiels processus mentaux (le traitement de l’information visuelle par exemple).

    Toutefois, dans les années 1940, les oscillations alpha ont été plutôt considérées comme des marqueurs du cerveau lorsqu’il est au repos, ce qui a mené certains chercheurs à penser qu’elles n’impactent pas vraiment la naissance des pensées. La question des scientifiques de l’époque devient ainsi la suivante: les oscillations cérébrales jouent-elles un rôle direct dans la cognition?

    LES ONDES ALPHA: LA CLE POUR LIRE DANS LES PENSEES?

    La science avançant, 50 ans d’accumulation de preuves expérimentales soutiennent l’hypothèse que les oscillations cérébrales organisent l’activité neuronale et déterminent certains de nos processus cognitifs. Les oscillations alpha ne sont plus considérées comme un rythme du cerveau au repos mais comme un marqueur d’excitabilité neuronale: à fréquence constante, plus les oscillations présentent une activité électrique importante, moins les neurones sont susceptibles de réagir.

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  • Pourquoi les femmes enceintes oublient tout

    Une de mes amies m’a demandé récemment: "Comment se fait-il que j’oublie tout depuis que je suis enceinte?" Je lui ai répondu que je n’en savais rien, mais que j’allais me renseigner. Elle a alors ajouté "J’allais te demander autre chose, mais maintenant, ça m’échappe… "

    On entend souvent dire que la grossesse joue sur la mémoire des femmes. Mais existe-t-il pour autant un "cerveau de la grossesse "? La grossesse provoque de nombreux changements physiques, mais en quoi affectent-ils le cerveau? Pour répondre à la question de mon amie, et aussi pour essayer de répondre à toutes les questions qu’elle a oublié quand elle était enceinte, voici mon guide des – folles – neurosciences de la grossesse.

    NAUSEES MATINALES

    Plus de la moitié des femmes enceintes – jusqu’à 90 % selon certaines études – expérimentent des nausées ou des vomissements plus ou moins gênants, en particulier le matin. Les hospitalisations de la duchesse de Cambridge ont mis ce symptôme sous le feu des projecteurs: en effet, 1 % des femmes enceintes souffrent de nausées matinales plus sévères que la moyenne. C’est ce qu’on appelle l’hyperemesis gravidarum, qui peut causer perte de poids et déshydratation, et nécessite des soins médicaux. Mais, chez la plupart des femmes, les nausées matinales disparaissent au bout de 18 semaines.

    Les causes des nausées matinales ne sont pas parfaitement claires. Selon la théorie dominante, elles seraient une réaction à l’augmentation de l’hormone chorionique gonadotrope (hCG). La recherche montre qu’un taux élevé d’hCG dans le sang coïncide avec le pic de nausées matinales. Une corrélation temporelle intéressante, mais qui n’explique pas la cause des nausées matinales.

    Nous savons que le premier trimestre est capital pour le développement du fœtus: c’est la période pendant laquelle se forme son système nerveux central: un processus délicat, qui peut être perturbé par des toxines circulant dans le sang de la mère. Selon une recherche récente, les vomissements ont une fonction bien précise: ils servent à débarrasser le corps des aliments qui pourraient nuire à cette étape cruciale de développement.

    Les vomissements sont contrôlés par une structure médullaire du cerveau postérieur nommée area postrema. Il est intéressant de noter que cette zone est dépourvue de barrière hémato-encéphalique: elle est donc capable de détecter les toxines dans la circulation sanguine et dans le liquide céphalo-rachidien. La recherche prouve par ailleurs que l’area postrema est pourvue de détecteurs de hCG, ce qui pourrait expliquer pourquoi elle est particulièrement sensible au cours de la grossesse.

    De nombreuses observations viennent corroborer cette " théorie des toxines ": d’abord, les nausées matinales sont plus fréquentes dans des sociétés où l’innocuité de la nourriture est moins contrôlée; ensuite, elles ne touchent que les êtres humains (nous avons un régime alimentaire très varié, après tout); plus les nausées matinales sont fortes, moins le risque de fausse-couche est important. Enfin, beaucoup de femmes ont aussi naturellement moins envie de viande, de poisson et de certains fruits et légumes pendant la grossesse.

    Bien sûr, ces "toxines" n’ont rien de toxique pour une femme adulte en bonne santé, et le placenta fait un gros travail de filtrage des déchets et de lutte contre les infections. Les nausées matinales sont plutôt associées à des aliments qui peuvent héberger des micro-organismes avant leur réfrigération (comme la viande) ou aux légumes amers, dont le goût pouvait faire penser à nos ancêtres qu’ils n’étaient pas comestibles. C’est un système particulièrement sensible, et même si ces nausées sont particulièrement désagréables à vivre, elles représentent probablement un avantage pour le développement du bébé, à l’échelle de l’évolution.

    UN ODORAT PLUS DEVELOPPE

    Beaucoup de femmes disent comprendre qu’elles sont enceintes quand elles repèrent que leur odorat est soudain surdéveloppé – ce qu’on appelle scientifiquement l’hyperosmie. Bien que les anecdotes sur l’hyperosmie soient légion, la littérature scientifique reste très discrète à ce sujet. Quand on les questionne, environ 2/3 des femmes disent que leur odorat est plus développé que d’habitude quand elles sont enceintes. Une autre étude révèle que les femmes enceintes sont particulièrement sensibles à certaines odeurs, comme celle des aliments qui mijotent, la fumée de cigarette, les aliments avariés, le parfum et les épices.

    Quelques études se sont penchées sur les seuils de détection par l’odorat (à savoir le plus petit volume d’air qui permette de détecter une odeur) chez les femmes enceintes et chez les femmes non enceintes. Mais dans une étude qui impliquait le test de 6 odeurs différentes, aucune différence de détection n’a été notée entre les deux groupes.

    Au vu de ces résultats peu concluants (l’expérience scientifique venant contredire les déclarations subjectives des femmes), la recherche avance que les femmes enceintes n’ont pas forcément un sens de l’odorat plus développé, mais qu’elles sont peut-être plus douées que les autres pour identifier les odeurs.

    Une étude récente démontre ainsi que les femmes enceintes sont aptes à identifier une plus grande variété d’odeurs. Très tôt dans la grossesse – de la même façon que le corps rejette les aliments qui pourraient se révéler toxiques pour le développement du fœtus – les femmes ont une " dégoût olfactif " accru qui les pousse à éviter d’inhaler des substances dangereuses. Voilà qui pourrait expliquer pourquoi la fumée de cigarette et les aliments avariés sont particulièrement insupportables pour les femmes enceintes.

    Comme avec les nausées matinales, il y a un lien entre les pics de hCG et les changements de perception dans l’odorat des femmes. Mais on pense que ces changements hormonaux ne modifient pas l’organe olfactif lui-même. Des chercheurs suédois ont ainsi présenté différentes odeurs à des femmes enceintes et à des femmes non enceintes afin de mesurer leurs réponses cérébrales: ils ont découvert une amplitude plus grande et un temps de latence plus court de l’onde P300 chez les femmes enceintes, un changement de voltage qui reflète certainement le processus neural associé à la façon dont une personne analyse un événement. Cela tend à prouver que les changements hormonaux surviennent sur l’ordre d’un processus cognitif supérieur associé à notre perception des odeurs.

    LA QUESTION DE LA PERTE DE MEMOIRE

    Tandis qu’un certain nombre de femmes – comme mon amie – se plaignent de fréquents oublis pendant leur grossesse, les résultats de la recherche sont mitigés. Comme bien des changements qui surviennent pendant la grossesse, les fluctuations hormonales sont certainement en cause. Mais certaines femmes ne déplorent aucun problème de mémoire pendant leur grossesse.

    Une méta-analyse menée en 2008 explique que les femmes enceintes sont moins performantes quand on les soumet à des tests de mémoire; elles peinent particulièrement avec les tests de mémoire à court-terme et la mémorisation de mots.

    Dans une étude publiée en 2014, des chercheurs anglais ont soumis des groupes de femmes correspondant à chaque trimestre de grossesse ainsi que des femmes non enceintes à un test de mémorisation spatiale. Au fil des trimestres, les femmes enceintes étaient de moins en moins performantes aux tests de mémoire (leur score baissant en moyenne de 11,7 % entre le deuxième et le premier trimestre et entre le troisième et le deuxième trimestre). Quand ces résultats ont été comparés au niveau d’hormones de leur plasma sanguin, pourtant, il ne semblait pas y avoir de lien – autrement dit, les hormones ne jouent peut-être aucun rôle dans ces déficits de mémoire.

    Une étude intéressante publiée en 2008 a permis de relever que pendant la grossesse des souris, la neurogenèse (la naissance de nouveaux neurones) était moins active dans leur hippocampe. L’hippocampe est impliqué dans la consolidation de la mémoire à court terme en mémoire à long terme, mais permet aussi de naviguer dans l’espace – ce qui est très utile pour vous rappeler où vous avez garé la voiture, par exemple. Une autre étude, plus ancienne, montre qu’il n’y a aucune différence entre la taille du cerveau d’une rates enceinte et d’une rate non enceinte, à l’exception de leur hippocampe. Mais pour l’heure, aucune étude n’a permis d’observer le cerveau des femmes enceintes pour examiner d’éventuels changements dans l’hippocampe humain pendant la grossesse.

    Certains chercheurs pensent que la privation de sommeil ou le stress généré par l’immense bouleversement que représente une grossesse peuvent expliquer cette étourderie. Pour d’autres, c’est l’idée culturellement construite et très répandue d’un " cerveau de grossesse " qui rend les femmes plus conscientes de leurs petites erreurs pendant cette période particulière. Par ailleurs, l’arrivée d’une grossesse, en cassant des habitudes bien établies, peut aussi être source de confusion et perturber temporairement la mémoire des femmes.

    Bien qu’il y ait beaucoup de choses que nous ignorions encore sur les changements incroyables qui surviennent au cours de la grossesse, il paraît clair que les bébés tiennent à signaler leur présence bien avant de débarquer dans le monde, frétillants et hurlants.

    Auteur; Jordan Gaines Lewis - Postdoctoral researcher, Penn State

    The Conversation - CC BY ND

  • Non, TikTok ne rend pas les jeunes stupides: cette étude révèle 3 effets surprenants sur leur cerveau

    Image générée avec I.A. par moi

    Contrairement aux idées reçues parentales, TikTok ne détruit pas le cerveau des adolescents. Les dernières recherches neuroscientifiques de 2024-2025 révèlent des effets positifs méconnus sur le développement cognitif des jeunes. Cette découverte bouleverse notre compréhension des réseaux sociaux et remet en question les préjugés sur la génération Z.

    LE MYTHE DE LA DEGRADATION COGNITIVE DEMENTI PAR LA SCIENCE

    Les études récentes montrent que l'utilisation modérée de TikTok stimule certaines zones cérébrales liées à la créativité et à l'apprentissage multimodal. Contrairement aux allégations alarmistes, les neuroscientifiques observent une activation accrue des réseaux neuronaux responsables de l'innovation et de la résolution de problèmes chez les utilisateurs réguliers.

    Cette réalité contredit totalement l'image d'une génération "abrutie" par les écrans courts. Les jeunes développent en fait des compétences cognitives adaptées à leur environnement numérique, similaires à celles observées dans les programmes d'entraînement mental intensif.

    3 EFFETS SURPRENANTS VALIDES PAR LES NEUROSCIENCES

    Premier effet: l'accélération de la neuro-plasticité.

    Les vidéos courtes obligent le cerveau à traiter rapidement des informations visuelles, auditives et textuelles simultanément. Cette sollicitation multi-sensorielle renforce la flexibilité neuronale et améliore la capacité d'adaptation cognitive.

    Deuxième effet: l'optimisation de l'attention sélective.

    Contrairement aux accusations de dispersion, les utilisateurs de TikTok développent une aptitude remarquable à identifier et retenir les informations essentielles en quelques secondes. Cette compétence se révèle particulièrement utile dans notre société de l'information dense.

    Troisième effet: l'amplification de la créativité collaborative.

    La plateforme favorise l'émergence de nouvelles formes d'expression artistique et encourage l'innovation créative. Les jeunes explorent des formats narratifs inédits et développent leur intelligence émotionnelle à travers l'interaction sociale numérique.

    POURQUOI CETTE GENERATION DEVELOPPE DES SUPER-POUVOIRS COGNITIFS

    Les adolescents d'aujourd'hui évoluent dans un environnement informationnel radicalement différent de celui de leurs parents. Leur cerveau s'adapte naturellement à cette réalité, développant des capacités de traitement accéléré que les générations précédentes ne possèdent pas.

    Cette adaptation neurologique explique pourquoi 67% des jeunes Français cachent leurs nouvelles compétences à leurs parents, comme le révèle cette étude récente sur les adaptations générationnelles. Ils développent intuitivement des stratégies cognitives que les adultes peinent à comprendre.

    L'ERREUR D'INTERPRETATION DES ADULTES DECRYPTEE

    Les critiques parentales reposent sur une incompréhension fondamentale des mécanismes d'apprentissage moderne. Les adultes jugent les nouveaux formats selon leurs propres référentiels cognitifs, inadaptés aux réalités neuroscientifiques actuelles.

    Cette incompréhension générationnelle rappelle les phénomènes observés dans d'autres adaptations comportementales de la génération Z, où les jeunes développent des stratégies d'adaptation que les adultes interprètent à tort comme des dysfonctionnements.

    VERS UNE RECONCILIATION SCIENTIFIQUE PARENTS-ENFANTS

    Ces découvertes neuroscientifiques ouvrent la voie à une compréhension plus nuancée des usages numériques. Plutôt que de diaboliser TikTok, parents et éducateurs gagneraient à accompagner les jeunes dans l'exploitation optimale de ces nouveaux outils cognitifs.

    La science démontre que l'avenir appartient à ceux qui maîtrisent l'apprentissage multimodal. Les adolescents d'aujourd'hui ne subissent pas une régression cognitive, mais développent les compétences de demain. Cette révélation transforme radicalement notre approche éducative et notre vision de l'intelligence contemporaine.