Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Jeux

  • Éducatrices et neuroscientifiques sont d’accord

    le meilleur apprentissage se fait sans règles ni jouets

    image I.A. faite par moi

    Quand les enfants jouent sans consignes, leur imagination devient un moteur puissant de développement cognitif et émotionnel.

    Arnold Philibert Dubois·23 juillet 2025

    Éducatrices et neuroscientifiques sont d’accord le meilleur apprentissage se fait sans règles ni jouets

    Lorsque les enfants jouent sans limites ni règles imposées, leur esprit se transforme en un laboratoire de créativité. Il n’y a ni fiches, ni objectifs définis, seulement un monde à découvrir. Dans ces moments de jeu libre, ce qui semble être du désordre est en réalité une construction: d’idées, d’histoires, de solutions.

    Chaque pierre peut devenir un château, une branche un dragon, chaque situation un défi à relever. Ce type de jeu —sans structures, sans consignes ni adultes qui dirigent— est un outil puissant pour le développement émotionnel et cognitif de l’enfant. Et paradoxalement, moins on intervient, plus il apprend.

    LE JEU LIBRE : BIEN PLUS QU’UN DIVERTISSEMENT

    Le jeu libre se définit comme une activité que les enfants réalisent spontanément, sans règles fixes, sans instructions extérieures ni résultats attendus. Il se distingue du jeu dirigé (comme les sports ou les jeux de société) en ce que c’est l’imagination elle-même qui établit les règles.

    Ce type de jeu a toujours été la manière naturelle pour les enfants d’explorer le monde. Avec le temps, cependant, il a été remplacé par des emplois du temps chargés, des écrans et des jouets à fonctions spécifiques. Ce que nous perdons dans cette transition est inestimable : l’opportunité pour les enfants de penser par eux-mêmes.

    L’IMAGINATION EN ACTION

    Quand un enfant fait face à “l’ennui”, il engage souvent un processus extraordinaire : il commence à créer. Une couverture peut devenir une grotte secrète. Un bâton, une baguette magique. Chaque objet ordinaire se transforme grâce à une imagination active.

    Dans le jeu libre, l’enfant n’invente pas seulement des histoires : il crée des personnages, des décors, des conflits et des dénouements. Il devient auteur et metteur en scène. Cette expérience narrative stimule sa capacité à visualiser des idées, expérimenter des possibilités et donner forme mentale à ce qui n’existe pas encore, une base essentielle pour toute expression artistique, scientifique ou technique.

    RESOLUTION CREATIVE DE PROBLEMES

    L’un des bénéfices les plus solides du jeu libre est qu’il favorise la résolution créative de problèmes. Lorsqu’un enfant tente de construire une tour avec des pièces dépareillées ou de négocier les règles d’un jeu avec ses amis, il affronte un défi réel. Il n’y a pas d’adultes pour résoudre à sa place. Il n’y a pas de solutions toutes faites.

    C’est là que surgissent les compétences les plus précieuses : pensée critique, adaptabilité, persévérance et collaboration. Selon diverses études en neurosciences et psychologie de l’enfant, ces expériences stimulent les zones du cerveau liées à la planification, au contrôle émotionnel et à la prise de décision. Jouer sans structure permet de se tromper, de réessayer, d’expérimenter et de découvrir.

    LE ROLE DE L’ENVIRONNEMENT ET DES ADULTES

    Pour que le jeu libre s’épanouisse, il ne faut pas seulement du temps sans écrans ni agenda : il faut aussi un environnement qui le permette et qui le valorise. Cela implique des espaces sûrs, des matériaux variés (cartons, tissus, branches…) et des adultes qui comprennent quand intervenir… et surtout, quand s’abstenir.

    Les experts s’accordent à dire que le rôle de l’adulte dans ce type de jeu est davantage celui de facilitateur que de guide. Autrement dit, il ne s’agit pas de diriger, mais d’observer, d’écouter et d’être disponible si nécessaire, sans interrompre le fil du jeu spontané. La liberté est l’ingrédient secret.

    TEMOIGNAGES ET EXPERIENCES EDUCATIVES

    Dans les centres d’éducation qui appliquent des pédagogies actives comme Montessori, Reggio Emilia ou Waldorf, le jeu libre n’est pas un complément : c’est le cœur de l’apprentissage. Des éducatrices comme Marisol, responsable d’une école libre à Barcelone, expliquent que « lorsqu’on laisse les enfants proposer, leur motivation et leur engagement sont infiniment plus élevés ».

    Des parents qui ont instauré des temps de jeu libre à la maison, sans écrans ni jouets électroniques, remarquent que leurs enfants développent une meilleure tolérance à la frustration, s’occupent seuls plus longtemps et créent des histoires complexes avec des matériaux simples.

    REVALORISER LE TEMPS DE JOUER

    Dans un monde rapide et surstimulé, le jeu libre semble être un luxe. Mais en réalité, c’est une nécessité. En permettant aux enfants de jouer sans scénario préétabli, nous leur offrons l’espace nécessaire pour grandir émotionnellement, penser différemment et avoir confiance en leurs propres capacités.

    Revenir au jeu spontané est un acte de résistance contre l’hyperorganisation de l’enfance. Et c’est en même temps un cadeau inestimable : du temps, de la liberté, de la confiance.

    Et si le jeu libre était la meilleure école?

    Les bénéfices du jeu libre ne sont ni un mythe romantique ni une mode pédagogique : ils sont validés par la science et visibles chez chaque enfant qui invente des mondes sans avoir besoin d’écrans ni d’instructions.

    Il est temps de leur rendre cet espace, de faire confiance à leur capacité d’imaginer, d’explorer, de résoudre. Parce que là, dans ce que beaucoup d’adultes appellent “simplement jouer”, germe la créativité de demain.

    Et vous, pensez-vous que jouer sans règles peut changer le monde ?

    Partagez cet article, discutez-en avec d’autres parents, et surtout… laissez aujourd’hui un moment de liberté à votre enfant. Son esprit —et son avenir— vous en seront reconnaissants.

  • Les IA, nos nouvelles confidentes: quels risques pour la santé mentale?

    Image générée par moi par I.A.

    Depuis le lancement, en novembre 2022, de ChatGPT, l’agent conversationnel développé par OpenAI, les intelligences artificielles génératives semblent avoir envahi nos vies. La facilité et le naturel avec lesquels il est possible d’échanger avec ces outils sont tels que certains utilisateurs en font même de véritables confidents. Ce qui n’est pas sans risque pour la santé mentale.

    Les grands modèles de langage, autrement dit les intelligences artificielles " génératives " telles que ChatGPT, Claude et autre Perplexity, répondent à de très nombreux besoins, que ce soit en matière de recherche d’informations, d’aide à la réflexion ou de résolution de tâches variées; ce qui explique l’explosion actuelle de leur utilisation scolaire, universitaire, professionnelle ou de loisir.

    Mais un autre usage de ces IA conversationnelles se diffuse à une vitesse impressionnante, en particulier chez les jeunes: l’équivalent de discussions entre amis, pour passer le temps, questionner ou échanger des idées et surtout se confier comme on le ferait avec un proche. Quels pourraient être les risques liés à ces nouveaux usages?

    UN TERRAIN PROPICE A UNE ADOPTION RAPIDE

    La conversation par écrit avec les intelligences artificielles semble s’être banalisée très rapidement. À noter d’ailleurs que s’il existe des IA utilisant des échanges vocaux, elles semblent cependant moins utilisées que les échanges textuels.

    Il faut dire que nous étions depuis de longues années déjà habitués à échanger par écrit sans voir notre interlocuteur, que ce soit par SMS, par e-mail, par " tchat " ou tout autre type de messagerie. Les IA génératives reproduisant remarquablement bien l’expression verbale des êtres humains, l’illusion de parler à une personne réelle est quasiment immédiate, sans avoir besoin d’un avatar ou d’une quelconque image simulant l’autre.

    Immédiatement disponibles à toute heure du jour et de la nuit, conversant toujours sur un ton aimable, voire bienveillant, entraînées à simuler l’empathie et dotées, si ce n’est d’une "intelligence", en tout cas de connaissances en apparence infinies, les IA sont en quelque sorte des partenaires de dialogue idéales.

    Nous y sommes presque! Nous avons atteint 90% de notre objectif.

    Il n’est dès lors pas étonnant que certains se soient pris au jeu de la relation, et entretiennent des échanges suivis et durables avec ces substituts de confidents ou de "meilleurs amis". Et ce, d’autant plus que ces conversations sont "personnalisées": les IA mémorisent en effet les échanges précédents pour en tenir compte dans leurs réponses futures.

    Certaines plate-formes, comme Character.ai ou Replika, proposent par ailleurs de personnaliser à sa guise l’interlocuteur virtuel (nom, apparence, profil émotionnel, compétences, etc.), initialement pour simuler un jeu de rôle numérique. Une fonctionnalité qui ne peut que renforcer l’effet de proximité, voire d’attachement affectif au personnage ainsi créé.

    Voici à peine plus de dix ans, le réalisateur Spike Jonze tournait le film Her, décrivant la relation amoureuse entre un homme sortant d’une difficile rupture et l’intelligence artificielle sur laquelle s’appuyait le système d’exploitation de son ordinateur. Aujourd’hui, il se pourrait que la réalité ait déjà rejoint la fiction pour certains utilisateurs des IA génératives, qui témoignent avoir entretenu une "romance numérique" avec des agents conversationnels.

    Des pratiques qui pourraient ne pas être sans risque pour l’équilibre mental de certaines personnes, notamment les plus jeunes ou les plus fragiles.

    DES EFFETS SUR LA SANTE MENTALE DONT LA MESURE RESTE A PRENDRE

    Nous constatons aujourd’hui, dans tous les pays (et probablement bien trop tard…), les dégâts que l’explosion de l’usage des écrans a causés sur la santé mentale des jeunes, en particulier du fait des réseaux sociaux.

    Entre autres facteurs, une des hypothèses (encore controversée, mais très crédible) est que la désincarnation des échanges virtuels perturberait le développement affectif des adolescents et favoriserait l’apparition de troubles anxieux et dépressifs.

    Jusqu’à aujourd’hui, pourtant, les échanges menés par l’intermédiaire des réseaux sociaux ou des messageries numériques se font encore a priori principalement avec des êtres humains, même si nous ne côtoyons jamais certains de nos interlocuteurs dans la vie réelle. Quels pourraient être les conséquences, sur l’équilibre mental (émotionnel, cognitif et relationnel) des utilisateurs intensifs, de ces nouveaux modes d’échanges avec des IA dénuées d’existence physique?

    Il est difficile de les imaginer toutes, mais on peut concevoir sans peine que les effets pourraient être particulièrement problématiques chez les personnes les plus fragiles. Or, ce sont précisément celles qui risquent de faire un usage excessif de ces systèmes, comme cela est bien établi avec les réseaux sociaux classiques.

    À la fin de l’année dernière, la mère d’un adolescent de 14 ans qui s’est suicidé a poursuivi les dirigeants de la plate-forme Character.ai, qu’elle tient pour responsables du décès de son fils. Selon elle, son geste aurait été encouragé par l’IA avec laquelle il échangeait.

    En réponse à ce drame, les responsables de la plate-forme ont annoncé avoir implémenté de nouvelles mesures de sécurité. Des précautions autour des propos suicidaires ont été mises en place, avec conseil de consulter en cas de besoin.

    Une rencontre entre des personnes en souffrance et un usage intensif, mal contrôlé, d’IA conversationnelles pourrait par ailleurs conduire à un repli progressif sur soi, du fait de relations exclusives avec le robot, et à une transformation délétère du rapport aux autres, au monde et à soi-même.

    Nous manquons actuellement d’observations scientifiques pour étayer ce risque, mais une étude récente, portant sur plus de 900 participants, montre un lien entre conversations intensives avec un chatbot (vocal) et sentiment de solitude, dépendance émotionnelle accrue et réduction des rapports sociaux réels.

    Certes, ces résultats sont préliminaires. Il paraît toutefois indispensable et urgent d’explorer les effets potentiels de ces nouvelles formes d’interactions pour, si cela s’avérait nécessaire, mettre tout en œuvre afin de limiter les complications possibles de ces usages.

    Autre crainte: que dialoguer avec un "fantôme" et se faire prendre à cette illusion puissent aussi être un facteur déclenchant d’états pseudo-psychotiques (perte de contact avec la réalité ou dépersonnalisation, comme on peut les rencontrer dans la schizophrénie), voire réellement délirants, chez des personnes prédisposées à ces troubles.

    Au-delà de ces risques, intrinsèques à l’emploi de ces technologies par certaines personnes, la question d’éventuelles manipulations des contenus – et donc des utilisateurs – par des individus mal intentionnés se pose également (même si ce n’est pas cela que nous constatons aujourd’hui), tout comme celle de la sécurité des données personnelles et intimes et de leurs potentiels usages détournés.

    IA et interventions thérapeutiques, une autre problématique

    Pour terminer, soulignons que les points évoqués ici ne portent pas sur l’utilisation possible de l’IA à visée réellement thérapeutique, dans le cadre de programmes de psychothérapies automatisés élaborés scientifiquement par des professionnels et strictement encadrés.

    En France, les programmes de ce type ne sont pas encore très utilisés ni optimisés. Outre le fait que le modèle économique de tels outils est difficile à trouver, leur validation est complexe. On peut cependant espérer que, sous de nombreuses conditions garantissant leur qualité et leur sécurité d’usage, ils viendront un jour compléter les moyens dont disposent les thérapeutes pour aider les personnes en souffrance, ou pourront être utilisés comme supports de prévention.

    Le problème est qu’à l’heure actuelle, certaines IA conversationnelles se présentent d’ores et déjà comme des chatbots thérapeutiques, sans que l’on sache vraiment comment elles ont été construites: quels modèles de psychothérapie utilisent-elles? Comment sont-elles surveillées? et évaluées? Si elles devaient s’avérer posséder des failles dans leur conception, leur emploi pourrait constituer un risque majeur pour des personnes fragiles non averties des limites et des dérives possibles de tels systèmes.

    Les plus grandes prudences et vigilance s’imposent donc devant le développement ultra-rapide de ces nouveaux usages du numérique, qui pourraient constituer une véritable bombe à retardement pour la santé mentale…

    Auteur: Antoine Pelissolo - Professeur de psychiatrie, Inserm, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC) - membre du Parti socialiste

    The Conversation - CC BY ND

  • Neuro-stimulation et bosse des maths

    Image générée par moi avec I.A.

    La neuro-stimulation permettrait d'améliorer les capacités intellectuelles.

    Cette amélioration est due à une excitation permettant une meilleure connectivité des neurones.

    Certains participants à une étude évaluant les effets de la neurostimulation on vu leur niveau en maths croître de façon significative.

    Vous êtes nul en maths, vous avez pourtant travaillé, réfléchi sur la méthode pour résoudre les équations les plus complexes, mais rien à faire, cela bloque! Il existerait pourtant un remède miracle pour vous rendre plus performant dans cette matière: la neuro-stimulation!

    Une étude menée par un scientifique de l'université de Surrey en Grande-Bretagne et publiée le 1er juillet dans la revue PLOS Biology a montré les effets positifs d'un choc électrique dans le cerveau sur une amélioration des capacités intellectuelles. Ces travaux ont été menés sur 72 femmes et hommes âgés en moyenne d'un peu plus de 20 ans. En utilisant l'apprentissage mathématique comme modèle d'étude de l'apprentissage scolaire, ces personnes -réparties en trois groupes selon leur niveau en maths- ont été soumises durant 30 minutes via des électrodes placées sur le cuir chevelu à un courant alternatif rapide à une gamme fixe de fréquences pour induire une excitation corticale.

    DES NOTES EN MATHS AUGMENTEES DE 25 A 29%

    Ont ensuite été évaluées leurs capacités de calcul de raisonnement mathématique. Résultat: les participants à cette étude qui étaient au départ les moins bons en mathématiques ont vu leur note augmenter de 25 à 29%! Pour ceux qui faisaient partie du groupe le plus performant en maths n'ont, en revanche, pas vu leur note s'améliorer.

    C'est donc une démonstration seulement partielle de l'effet d'une stimulation électrique sur les capacités intellectuelles en général illustrées par la mesure de l'aisance à maîtriser le raisonnement mathématique. Malgré ces limites, cette étude a convaincu son initiateur, Roi Cohen Kadosh, un neuroscientifique de l'université de Surrey, que cette stimulation électrique excitant les neurones et permettant d'améliorer leur connectivité permettait d'agir sur les capacités intellectuelles.

    UN ACCES AUX ETUDES SUPERIEURES PLUS EQUITABLE?

    Et ce scientifique en tire un enseignement sociétal: la neurostimulation, en permettant une meilleure exploitation du potentiel intellectuel, pourrait être un moyen de rendre l'accès à des études de haut niveau plus équitable. "Il y a la part de l'environnement,  fréquenter la bonne école, avoir le bon enseignant, mais c'est aussi une question de biologie... Certaines personnes ont des difficultés et si nous pouvons les aider à exploiter le plein potentiel de leur cerveau, nous leur ouvrons de nombreuses opportunités qui leur seraient autrement inaccessibles", souligne Roi Cohen Kadosh.

    Ce qui soulève évidemment d'autres questions. Là où le neuroscientifique de l'université de Surrey voit dans la neuro-stimulation un outil d'équité face à des apprentissage complexes, d'autres peuvent répliquer que l'utilisation de cette technique n'est pas à la portée de tous... et qu'elle pourrait accroître les inégalités en limitant aux plus aisés les chances de mener des études supérieures.