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science - Page 3

  • Et si s’ennuyer un peu était bon pour le cerveau?

    Ce qu’en disent les neuroscientifiques

    L'ennui agirait comme un mécanisme naturel d’adaptation et de réinitialisation du système

    Souvent perçu comme un état contre-productif, l’ennui pourrait en réalité s’avérer bénéfique pour le cerveau, selon les neuroscientifiques. À petites doses, il jouerait un rôle d’adaptation naturelle, permettant au système nerveux sympathique de se réinitialiser et de mieux résister à l’anxiété. Cela met en lumière une façon naturelle de tirer parti des courts moments d’inactivité, dans un monde soumis à un rythme de plus en plus soutenu.

    Nous faisons généralement l’expérience de l’ennui à travers une soudaine perte d’intérêt ou de concentration pour une activité en cours. Ce désengagement rend plus difficile le maintien de l’attention. D’un point de vue neurobiologique, cet état se traduit par l’activation de régions cérébrales spécifiques.

    Lorsque l’attention demeure pleinement mobilisée, le réseau cérébral chargé de la concentration sélectionne les stimuli les plus pertinents et filtre ceux qui pourraient nous distraire. En revanche, si l’activité suscite peu d’intérêt, l’activation de ce réseau diminue à mesure que l’attention faiblit. Parallèlement, l’activité du réseau fronto-pariétal, impliqué dans le contrôle exécutif, tend elle aussi à décroître.

    Cette baisse d’attention favorise alors l’activation du réseau du mode par défaut. Celui-ci détourne l’attention des stimuli extérieurs pour la tourner vers l’activité mentale interne, c’est-à-dire vers l’introspection. Cela implique la synchronisation de plusieurs régions cérébrales clés, dont l’insula, impliquée dans le traitement sensoriel et émotionnel. L’amygdale, structure impliquée dans la formation des souvenirs émotionnels, est également sollicitée lors de ces phases d’ennui, notamment pour gérer les émotions négatives qui peuvent en découler.

    Cet état est encore largement considéré comme négatif. " Généralement défini comme une difficulté à maintenir son attention ou son intérêt dans une activité en cours, l’ennui est généralement considéré comme un état négatif que nous devrions essayer d’éviter ou de nous empêcher de vivre ", écrivent Michelle Kennedy, chercheuse en santé mentale des jeunes, et Daniel Hermens, professeur de santé mentale et de neurobiologie de l’adolescence à l’Université de la Sunshine Coast, en Australie, dans un article publié sur The Conversation.

    Dès lors, nous cherchons instinctivement à échapper à l’ennui. Le cortex préfrontal médian ventral s’active pour inciter à rechercher des sources de stimulation plus attrayantes. Pourtant, loin d’être nuisible ou stérile, l’ennui pourrait, selon Kennedy et Hermens, procurer des effets bénéfiques inattendus si nous apprenions à l’accepter.

    UN MOYEN SIMPLE ET NATUREL DE REINITIALISER LE SYSTEME NERVEUX

    Notre mode de vie contemporain nous soumet à une exposition quasi constante au stress, du fait du flux ininterrompu d’informations à assimiler. Pour y faire face, beaucoup adoptent un rythme effréné, ne s’accordant que de brèves pauses. Or, ces rares moments de répit sont souvent consacrés à l’organisation des tâches futures ou à des activités tout aussi stimulantes, perçues à tort comme reposantes. Selon les chercheurs, "les adultes donnent involontairement aux jeunes générations l’exemple de la nécessité d’être constamment connectésé.

    Cette hyperstimulation n’est pas sans conséquences. En effet, le cerveau reste sous tension en raison de l’activité prolongée du système nerveux sympathique, impliqué dans la réponse de " lutte ou fuite " face au stress. Sollicité sans relâche pour gérer plusieurs tâches à la fois, ce système finit par s’user, provoquant ce que l’on nomme une "surcharge allostatique" — un état d’usure physiologique causé par une exposition prolongée au stress.

    Kennedy et Hermens estiment que l’ennui pourrait offrir un moyen simple et naturel de réinitialiser ce système nerveux. Une hypothèse qui fait écho à une étude précédente, laquelle suggère que l’ennui constitue une expérience émotionnelle distincte de l’apathie, de l’anhédonie ou de la dépression, auxquelles il est trop souvent assimilé. Cela suggère que l’ennui remplit un rôle plus subtil qu’on ne le croyait.

    Trustmyscience

  • Une étude révèle une "empreinte respiratoire" unique chez chaque individu

    En plus de permettre de nous identifier comme les empreintes digitales, elle pourrait aussi fournir des informations sur notre santé physique et mentale.

    Une étude suggère qu’il serait possible d’identifier un individu à l’aide de sa respiration nasale, avec une précision de 96,8%. Chaque personne posséderait une " empreinte respiratoire " propre, comparable aux empreintes digitales. Celle-ci offrirait également des indications sur la santé physique et mentale, ouvrant potentiellement la voie à de nouvelles stratégies de diagnostic et de traitement.

    Si la respiration peut sembler a priori être un processus élémentaire qui échappe à notre attention, elle est en réalité régie par un réseau cérébral d’une remarquable complexité. Ce système supervise en permanence à la fois les schémas respiratoires autonomes, garants de l’homéostasie physiologique, et les modulations volontaires en réponse aux exigences comportementales.

    Des hypothèses ont été avancées selon lesquelles ce réseau, à la fois structurel et fonctionnel, pourrait permettre une caractérisation fine des dynamiques respiratoires. Chaque cerveau étant unique, il est plausible que les schémas respiratoires à long terme le soient également. Autrement dit, chaque être humain pourrait posséder une signature respiratoire propre, susceptible de renseigner sur l’état cérébral.

    Cette hypothèse, cependant, n’avait jusqu’ici pas été explorée de manière empirique. Les examens respiratoires actuels, le plus souvent limités à des séquences de quelques minutes — entre une et vingt —, offrent un aperçu trop fragmentaire pour révéler les schémas les plus subtils.

     

     

    Des chercheurs de l’Institut Weizmann des sciences, en Israël, ont poussé l’investigation plus loin en développant une méthode capable de mesurer la respiration nasale sur de longues périodes. " On pourrait croire que la respiration a été mesurée et analysée sous toutes ses formes ", remarque Noam Sobel, co-auteur principal de l’étude, dans un communiqué. " Pourtant, nous avons découvert une toute nouvelle façon d’appréhender ce processus. Nous le considérons comme une lecture du cerveau", ajoute-t-il.

    DES INDIVIDUS IDENTIFIES AVEC UNE PRECISION DE 96,8%

    Pour mettre leur hypothèse à l’épreuve, Sobel et ses collègues ont mis au point un dispositif portable, léger, capable de mesurer en continu et avec précision le flux d’air nasal, au moyen de tubes souples placés sous les narines et reliés à un détecteur placé sous la nuque. Les mesures ont été réalisées durant vingt-quatre heures sur cent jeunes adultes en bonne santé. Les analyses se sont appuyées sur un protocole appelé Breath Metrics, qui intègre 24 paramètres distincts de la respiration nasale. Les participants ont également rempli des questionnaires relatifs à leurs activités quotidiennes et à leur santé mentale.

    Les chercheurs ont ainsi pu identifier chaque sujet uniquement à partir de ses données respiratoires. Après une heure d’enregistrement, le taux de précision atteignait déjà 43%. Ce chiffre s’élevait à 96,8% au bout de vingt-quatre heures. Ce niveau de fiabilité est resté stable lors de tests répétés sur une période de deux ans, atteignant un degré de précision comparable à celui de certaines technologies de reconnaissance vocale.

     

    "Je pensais qu’il serait très difficile d’identifier quelqu’un, car chacun a des activités différentes, comme courir, étudier ou se reposer", confie Timna Soroka, autrice principale de l’étude, publiée dans la revue Current Biology. " Mais il s’avère que leurs rythmes respiratoires étaient remarquablement distincts ", poursuit-elle.

    empreinte respiration resume

    UN INDICATEUR DE SANTE PHYSIQUE ET MENTALE

    En examinant les rythmes respiratoires, les chercheurs ont constaté que l’empreinte propre à chaque individu offrait des indications sur son état physique et mental. Elle se révélait notamment corrélée à l’indice de masse corporelle, au cycle veille-sommeil, aux niveaux d’anxiété et de dépression, ainsi qu’à certaines caractéristiques comportementales.

    Par exemple, les personnes ayant obtenu des scores élevés aux questionnaires sur l’anxiété présentaient des inspirations plus courtes que la moyenne, ainsi que des fluctuations plus marquées dans les pauses entre deux respirations durant le sommeil. Aucun des participants ne remplissait toutefois les critères standards de diagnostic clinique de troubles mentaux ou comportementaux; les données suggèrent néanmoins qu’un suivi à long terme de la respiration pourrait offrir un outil d’évaluation plus fin.

    "Nous supposons intuitivement que le degré de dépression ou d’anxiété influence notre respiration", explique Sobel. "Mais peut-être est-ce l’inverse. Peut-être que votre respiration vous rend anxieux ou déprimé. Si c’est le cas, il serait envisageable de la modifier pour atténuer ces états", avance-t-il.

    Le dispositif, bien que léger, présente encore certaines limites. Les tubes placés sous les narines, souvent associés à une assistance respiratoire hospitalière, pourraient freiner l’adhésion du grand public. Par ailleurs, l’appareil ne prend pas en compte la respiration buccale et peut se déplacer durant le sommeil.

    L’équipe travaille désormais à concevoir une version plus discrète et confortable pour un usage quotidien. Elle s’intéresse également à l’identification de schémas respiratoires considérés comme sains, dans l’optique de les adapter à des personnes souffrant de troubles mentaux ou émotionnels. " Nous souhaitons absolument aller au-delà du diagnostic et proposer des traitements, et nous sommes prudemment optimistes ", conclut Sobel.

    Source: Current Biology

  • Comment atteindre la "zone", mystérieux état de transe cérébrale qui intrigue les neurosciences?

    Une étude révèle que l’état de "zone", ou "flow", apparaît quand le cerveau lâche le contrôle pour laisser agir l’automatisme. Dans un monde plein de distractions, il devient plus rare de l'expérimenter.

    Complétement plongés dans une activité ou concentrés sur une tâche, nous pouvons parfois atteindre une sorte d’état second. Cet état mental de pure absorption du cerveau, intéresse de plus en plus les neurosciences, rapporte Popular Mechanics. Les scientifiques l'appellent la "zone" ou le "flow". Pour comprendre comment fonctionne ce mécanisme, une étude publiée en 2024 s’est intéressée à l’activité cérébrale des musiciens.

    LE CERVEAU EN "PILOTE AUTOMATIQUE"

    Dans cette étude publiée dans Neuropsychologia, les chercheurs ont demandé à 32 guitaristes de jazz plus ou moins expérimentés d’improviser six morceaux. Pendant ce temps, leur activité cérébrale était mesurée par électroencéphalogramme. Après chaque session, les musiciens ont évalué à quel point ils s’étaient sentis dans la "zone".

    Pour les chercheurs, l’objectif était de savoir si le flow est lié à une concentration extrême, ou à une grande maîtrise accompagnée d'un lâcher-prise? Et au vu des résultats, il semble que la deuxième option soit la plus probable. Ceux qui maîtrisaient le mieux leur instrument étaient aussi les plus enclins à entrer dans le flow. Ces derniers présentaient une activité accrue dans les zones sensorielles et auditives du cerveau. Ils montraient cependant une activité réduite dans les lobes frontaux, ceux qui contrôlent la pensée consciente.

    Cela suggère que la transe créative semble apparaître lorsque le cerveau met en pause son contrôle conscient et laisse agir les réflexes acquis par l’expérience. D’après John Kounios, directeur de l’étude, cela s’explique par un phénomène appelé hypofrontalité transitoire: l’activité des lobes frontaux baisse pour laisser d’autres régions du cerveau prendre le relais. Ainsi, sans avoir besoin d’y réfléchir, ou de produire un effort conscient, les musiciens savaient quoi faire. En quelque sorte, leur cerveau s’était mis en pilote automatique.

    LES HUMAINS ONT-ILS PERDU LE FLOW?

    Mais alors comment entrer soi-même dans cet état? Comment accéder au flow? D’après le psychothérapeute Michael Ceely, il faut avoir une certaine maîtrise de l’activité en question, que ce soit pour la musique ou pour la couture, par exemple. Mais il faut cependant choisir une activité "juste au-dessus de ses capacités", afin de rester pleinement engagé dans la tâche et éviter que son esprit ne divague trop. Ainsi, tout semble facile, si bien qu’il est possible d’atteindre une expérience proche de l’extase.

    Toutefois, les chercheurs se demandent pourquoi la perception de cet état est si mystique. Pour Michael Ceely, cet état paraît presque magique, justement parce qu’il est devenu rare dans nos sociétés modernes. Avec toutes les distractions que nous avons à disposition nous avons peut-être perdu l’habitude d’être pleinement concentrés sur une tâche. Le psychothérapeute suggère même que la sensation de flow était plus présente à l’époque où les humains avaient besoin de leur pleine conscience pour survivre.

    Mais il n’est pas trop tard. D’après le chercheur Kevin J.P. Woods, nous pouvons chacun retrouver le flow. Il conseille pour cela de se trouver un défi, pour se pousser à rester concentré, et de choisir un environnement agréable pour s’y atteler. Il ne faut pas non plus hésiter à s’accompagner de musique, qui peut favoriser la concentration, soutient Michael Ceely.

    Autrement, un changement de décor, comme un séjour en pleine nature peut parfois suffire.