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Neurosciences - Page 7

  • Ce trait de personnalité

    .... (signe d'intelligence et de mépris à la fois) rendrait plus heureux, selon les neurosciences

    Olivia Bokhobza

    Faut-il être intelligent pour être heureux? Et si un changement d’état d’esprit inédit pouvait nous mener plus rapidement vers la réussite et le bonheur?

    Quelles sont les clés pour être heureux? Comment activer les bons leviers en s'appuyant sur nos atouts et les différents types d’intelligence dont nous sommes dotés? Enfin, quel est le rôle des autres ? Plusieurs études soulignent que les personnes particulièrement intelligentes sont aussi plus enclines à la solitude. Si elles ont tendance à attirer spontanément les autres, elles seraient, de leur côté, peu intéressées par la socialisation à outrance, allant même jusqu’à trier leurs relations pour ne choisir que des profils au même degré d’intelligence qu’elles. L’intelligence pourrait alors mener davantage au cynisme qu'au bonheur.

    Jamil Zaki, professeur de psychologie à l’université de Stanford et directeur de leur "Lab Neuroscience" a justement exploré la question de la cohabitation possible entre le cynisme et la quête de bonheur. Il a publié récemment un ouvrage sur la question: “Hope for Cynics: The surprising science of Human Goodness”, littéralement: De l’espoir pour les cyniques : les surprenantes découvertes scientifiques sur la bonté humaine .

    S’auto-proclamant lui-même "cynique en voie de guérison", ce professeur affirme clairement, preuves à l’appui : le cynisme n’est pas une qualité et certainement pas le signe d’une intelligence supérieure.

    PEUT-ON ETRE HEUREUX EN ETANT CYNIQUE ?

    La croyance populaire voudrait, en effet, que les “grands” de ce monde aient des traits de caractères assez marqués notamment par un cynisme exacerbé. Pour ne citer qu’un exemple, la personnalité de Steve Jobs illustre cette idée. Pour Jamil Zaki, les recherches nous montrent au contraire que le cynisme est un désavantage sur bien des plans et ne reflètent pas nécessairement une intelligence supérieure.

    “Bien que ce trait soit socialement valorisé dans bien des cultures, notamment au Royaume-Uni (beaucoup d’Anglais perçoivent le cynisme comme à la pointe du chic et de la sagesse !), il est en fait délétère sur de nombreux plans – et largement mythifié”, explique-t-il dans une interview donnée à nos confrères de L’ Express. Ce professeur a creusé ce sujet en reprenant de nombreuses études scientifiques jusqu'à comprendre  que les personnes cyniques finissaient finalement par être parfois plus malades et sujettes à des troubles anxieux, entre autre.

    LE SCEPTICISME PLEIN D’ESPOIR: LA FORME D’INTELLIGENCE A CULTIVER POUR ETRE HEUREUX

    Un changement d'état d'esprit en faveur d'un "scepticisme optimiste" serait, selon notre expert, synonyme de meilleurs résultats que la tendance cynique. Pour lui, nous pouvons gagner en bonheur, en réussite et ce, que ce soit sur un plan personnel ou professionnel, en cultivant un type d’intelligence spécifique, que tout le monde peut développer : il s'agit d'une philosophie basée sur l'optimisme qui est un vecteur clé de réussite. ”Les non-cyniques gagnent régulièrement plus d'argent au cours de leur carrière”, confie Jamil Zaki à L’express.

    La solution proposée par cet expert pour aider les cyniques à être plus heureux est ainsi celle d’un "scepticisme plein d'espoir": Il s’agit de trouver la parfaite balance entre le positivisme, sans tomber dans l’excès, et la méfiance raisonnable. Comme le souligne Zaki, le scepticisme de l'espoir consiste à appliquer un état d'esprit scientifique proche de la pensée critique.

    Quitter le cynisme ne signifie donc pas perdre en intelligence et en sens critique, bien au contraire ! En adoptant une attitude de sceptique plein d’espoir, on peut questionner les faits, être critique mais curieux et s’ouvrir à des découvertes humaines et informatives qui vont renforcer notre intelligence sociale et nous mener vers l’action et la réussite alors que cynisme plonge souvent dans l’inaction.

    Ainsi, pour être plus heureux, cultiver l’intelligence sociale et émotionnelle, ne cesser de se questionner et d’apprendre des autres semble être l’attitude la plus propice.

  • Le "jamais-vu": ce que les recherches nous disent sur l’opposé du déjà-vu

    Notre esprit a un rapport particulier avec la répétition. Prenons l’expérience du déjà-vu, lorsque nous croyons à tort avoir vécu une situation dans le passé, ce qui nous laisse une sensation troublante de retour en arrière. Nous avons découvert que le déjà-vu propose en réalité une vue sur le fonctionnement de notre mémoire.

    Nos recherches ont montré que le phénomène se produit lorsque la partie du cerveau qui détecte la familiarité se désynchronise de la réalité. Le déjà-vu constitue un signal qui nous avertit d’une bizarrerie: il s’agit d’une sorte de " confrontation avec la réalité " effectuée par le système de la mémoire.

    La répétition peut avoir toutefois des effets encore plus troublants et inhabituels. Le contraire du déjà-vu est le " jamais-vu ", lorsque quelque chose qu’on sait être familier semble tout à coup irréel ou nouveau. Dans le cadre de nos récentes recherches, pour lesquelles nous venons de remporter le prix Ig Nobel de littérature, nous avons étudié le mécanisme à l’origine de ce phénomène.

    UNE EXPERIENCE INHABITUELLE ET TROUBLANTE

    Le jamais-vu consiste, par exemple, à voir un visage connu et à le trouver soudain bizarre ou étranger. Les musiciens peuvent avoir ce sentiment lorsqu’ils se perdent dans un passage de musique qu’ils connaissent très bien. On ressent aussi cet effet lorsqu’on arrive dans un endroit familier et qu’on s’y sent désorienté ou qu’on porte dessus un regard nouveau.

    Il s’agit d’une expérience encore plus rare que le déjà-vu et peut-être encore plus inhabituelle et troublante. Lorsqu’on demande aux gens de la décrire dans des questionnaires sur des expériences de la vie quotidienne, on obtient des réponses telles que " Pendant un examen, j’écris correctement un mot comme “appétit”, mais je lis et relis le mot parce que je n’arrive pas à être sûr qu’il est bien écrit".

    Au quotidien, cela peut être provoqué par une répétition ou le fait de fixer son regard sur quelque chose, mais ce n’est pas toujours le cas. Akira, un membre de notre équipe, a déjà eu cette sensation en conduisant sur l’autoroute, ce qui l’a obligé à s’arrêter sur l’accotement pour que son sentiment de ne pas savoir quoi faire avec les pédales et le volant puisse se " réinitialiser ". Par chance, cela ne se produit pas souvent.

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    UNE EXPERIENCE TOUTE SIMPLE

    Nous ne savons pas grand-chose du jamais-vu. Mais nous avons présumé qu’il serait assez facile de l’induire en laboratoire. Quand on demande à quelqu’un de répéter quelque chose de nombreuses fois, cela perd souvent de son sens et devient déroutant.

    C’est sur cette base que nous avons mené nos recherches sur le jamais-vu. Dans une première expérience, 94 étudiants de premier cycle ont eu comme tâche d’écrire plusieurs fois le même mot. Ils l’ont fait avec douze mots différents qui allaient du plus banal, comme "door" (porte), à d’autres moins courants, comme "sward" (un terme pour pelouse qui n’est pas usuel).

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  • Egocentrique, moi?

    Photo: Alain, 1959, Rome

    L’égocentrisme est, selon le Centre national de ressources textuelles et lexicales, une "déformation du moi, involontaire et inconsciente, consistant à n’envisager le point de vue ou l’intérêt des autres qu’à partir du sien propre".

    Si l’on s’en tient à la stricte définition, difficile d’associer systématiquement l’usage de la 3e personne à une déformation telle que l’égocentrisme. Est-il cependant possible de l'assimiler à un "tic de langage"? Or, comme le documente Laélia Véron, il y a dans le tic de langage une dimension pathologique.

    "On va encore dire de moi que je parle à la 3e personne… C’est vrai"., dit Delon en interview.

    Mais chez l'acteur, l’usage de la 3e personne n’est pas systématique. Il est choisi et il témoigne d’une conscience linguistique plus profonde qu’il n’y paraît.

    TROIS MANIÈRES DE COMPRENDRE L’USAGE DE LA 3ᵉ PERSONNE

    C’est dans le contexte du film Borsalino and Co. que l’on en trouve la première mention: "Il y avait cinq ans que je voulais mettre Delon dans un film avec Belmondo", concède-t-il en parlant, de lui pour la première fois en public à la troisième personne. Et "Delon-producteur" de poursuivre:

    "Je me disais: cela doit pouvoir se faire le public a envie de les voir ensemble, comme aux États-Unis on voit ensemble deux “monstres” style Gary Cooper–Burt Lancaster, Mitchum–Douglas ou, plus récemment, Paul Newman et Robert Redford [Butch Cassidy]. Mais personne ne trouvait de sujet".

     

    Alain Delon parle de lui, et au lieu de dire Je/Moi, utilise "Alain Delon". Il a lui-même eu l’occasion de s’expliquer sur cet usage, et il disait notamment:

    "Je ne suis pas quelqu’un qui a le culte du Moi. Je crois que dans la profession, il y a des confrères beaucoup plus en avance que moi sur le sujet".

    Comment expliquer alors ces apparents paradoxes? La linguistique peut, de trois manières au moins, aider à comprendre cet usage de la 3e personne, et mieux cerner les enjeux: la valeur plus que le sens des mots, la subjectivité dans le langage, et l’énonciation.

    LA VALEUR DES MOTS: UNE VISION VOLONTARISTE

    La citation suivante est intéressante au regard de la subtilité entrevue dans l’épaisseur sémantique de certains mots employés par Alain Delon:

    "Ma carrière n’a rien à voir avec le métier de comédien. Comédien, c’est une vocation. On veut être comédien comme on veut être chauffeur de taxi ou boulanger. On suit des cours, on fait des écoles, puis des conservatoires. C’est la différence essentielle – et il n’y a rien de péjoratif ici – entre Belmondo et Delon.

    Je suis un acteur, Jean-Paul est un comédien. Un comédien joue, il passe des années à apprendre, alors que l’acteur vit. Moi, j’ai toujours vécu mes rôles. Je n’ai jamais joué. Un acteur est un accident. Je suis un accident. Ma vie est un accident. Ma carrière est un accident".

    En effet, il arrive que comédien et acteur soient utilisés l’un pour l’autre, mais Alain Delon identifie une différence, en termes de motivation/vocation, apprentissage/incarnation, entre les deux termes.

    On attribue également à Alain Delon la citation "La chance n’existe pas, ça s’appelle le destin", qui montre là aussi la distinction entre deux termes proches. Dans les deux cas (comédien/acteur, chance/destin), on peut presque trouver une forme de volontarisme dans le regard linguistique posé, puisque le hasard ou les circonstances sont mis à distance dans la valeur accordée aux mots.

    "JE NE JOUE PAS, JE VIS": UNE SUBJECTIVITE RELATIVE

    Les médias citent abondamment, depuis le décès de l’acteur, la phrase "Je ne suis pas un comédien: je ne joue pas, je vis". Cette citation peut donner l’impression d’une personne prétentieuse. En fait, dans l’entretien au Journal du Dimanche, qu’il a donné le 18 mai 2019, Alain Delon indiquait plus exactement:

    "Je ne suis pas un comédien: je ne joue pas, je vis. Aujourd’hui, je suis différent d’hier physiquement. Mais je ne veux pas refaire du cinéma pour faire du cinéma. Je ne veux pas faire le combat de trop, comme disent les boxeurs, que je connais bien. J’ai vu ça chez Sugar Ray Robinson. Joe Louis aussi. Pour l’orgueil ou le pognon. Je n’ai pas envie de ça".

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