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Neurosciences - Page 11

  • Pourquoi y-a-t-il des odeurs chez les gens

    que l'on aime et d'autres que l'on n'aime pas?

    La question cache l'un des mystères les plus fascinants de notre cerveau. Hirac Gurden, chercheur en neurosciences au CNRS spécialisé dans l'odorat, révèle que cette alchimie olfactive se joue dès la naissance.

    Hirac Gurden, directeur de recherche en neurosciences au CNRS, spécialiste de l'étude des sens et particulièrement de l'odorat

    "Généralement, quand on est enfant, on aime les odeurs des corps que l'on connaît bien depuis que l'on est tout bébé.

    Et comme notre sens de l'odorat est très important pour notre vie, on va retenir très fortement les parfums de nos parents et de nos grands-parents", explique Hirac Gurden, directeur de recherches en neurosciences au CNRS, spécialisé dans l'odorat .

    Ces parfums familiaux s'ancrent profondément dans notre mémoire et deviennent "des souvenirs agréables les plus forts de notre vie", capables de ressurgir intact des décennies plus tard.

     

  • Pour élever nos enfants, libérons-nous des "experts" en éducation

    L'éducation positive qui transparait à toutes les lignes de la documentation à destination des crèches n'est pas une lubie de quelques professionnels égarés. C'est le visage même d'une société égarée qui a banni la transmission, la responsabilité, l'exigence et le courage.

    Par Eve Vaguerlant

    Le nouveau guide de la petite enfance qui édicte les règles à suivre pour l’accueil dans les crèches et chez les assistantes maternelles a récemment fait débat. Il a notamment été dénoncé par un collectif composé entre autres de la psychologue Caroline Goldman et du pédopsychiatre Maurice Berger. Ce collectif signale des dispositions  "dangereuses", inspirées directement de l’ éducation positive", préconisant par exemple de ne pas demander à un enfant en colère de se calmer, de ne pas régler les conflits de manière punitive, ni d’adresser de reproches à l’enfant qui initie le conflit. Au sujet de la pudeur, il serait encore conseillé de ne pas interdire à l’enfant de se toucher et d’éviter toute remarque culpabilisante vis-à-vis de son activité masturbatoire.

    On reconnaît bien ici la tendance qui prédomine dans la vision éducative depuis plusieurs décennies et qui stigmatise tout exercice de l’autorité ainsi que toute forme de contrainte imposée à l’enfant; on la retrouve dans le système scolaire à travers l’impératif de "bienveillance".

    Dans un article du Figaro, la journaliste Madeleine Meteyer précise qu’il s’agirait de la première fois que le comité scientifique chargé par le ministère public de ces questions est uniquement composé de tenants de l’idéologie de l’éducation positive. Auparavant, ces derniers devaient accepter le débat avec les tenants de la psychanalyse, porteurs d’une vision bien plus pessimiste de l’être humain, convaincus de l’existence d’une forme d’agressivité dès la naissance, le dogme freudien faisant de l’enfant un "pervers" en puissance et non un petit être innocent.

    A contrario, les défenseurs de l’éducation positive sont les héritiers d’une vision rousseauiste, dégradée sous la forme d’un angélisme qui considère que toutes les passions sont bonnes à exprimer, qu’il faut laisser les enfants donner libre cours à leurs impulsions, et que rien ne doit venir entraver la spontanéité de leurs actions.

    Le débat sur l’éducation apparaît ainsi comme confisqué par deux formes de modernisme aussi néfastes l’une que l’autre sans doute, à l’instar de ce que Philippe Muray décrivait dans Moderne contre moderne. Sommes-nous condamnés, pour élever nos enfants, à nous remettre entre les mains de scrutateurs de l’inconscient qui, à la première difficulté survenant dans notre rapport à nos enfants, nous renverront à l’univers pulsionnel d’une sexualité mal assumée, ou bien encore à nous soumettre aux impératifs non moins dogmatiques de l’éducation "positive" – comme s’il y avait une "éducation négative", à savoir la conception traditionnelle de l’éducation?

    LE POIDS DE LA DECISION CREE CHEZ LES PARENTS UNE ANGOISSE EDUCATIVE

    À cela, il nous semble qu’il vaudrait infiniment mieux assumer par nous-mêmes l’éducation de nos enfants en nous en remettant aux recettes familiales tirées de l’expérience commune et à notre propre bon sens. Cette solution, qui paraît évidente, est cependant loin d’être aussi simple à adopter de nos jours. À l’heure où l’enfant n’est plus un événement qui arrive mais relève du choix que l’on planifie, le poids de la décision crée chez les parents une angoisse éducative ainsi qu’une peur de l’échec dans leur " projet de parentalité ", de surcroît chez des générations peu enclines à assumer une responsabilité et une autorité. À cela s’ajoute encore un mode de vie plus individualiste et un isolement familial grandissant, qui font que l’on bénéficie moins de l’expérience des autres et que la présence des enfants se fait de plus en plus rare dans nos existences.

    D’où le réflexe, bien décrit par Christopher Lasch dans La Culture du narcissisme, de déléguer la responsabilité éducative à ce que l’auteur nomme les "experts", en particulier les psychologues auxquels on confie désormais les enfants dès le plus jeune âge. C’est ce que Lasch nomme "le passage de l’autorité traditionnelle au contrôle thérapeutique". L’individu se déresponsabilise en se livrant à des experts médicaux, mais en retour, il aliène une grande part de sa liberté et se soumet à une forme de contrôle grandissant. Aujourd’hui, combien de parents se précipitent chez le psy au moindre trouble chez leur enfant, au lieu de tenter de lui apporter des réponses eux-mêmes? À titre personnel, on se souvient ainsi du cas d’une collègue qui avait immédiatement emmené son enfant chez le psychologue parce que celui-ci lui avait posé une question sur la mort…

    UNE EPOQUE DE VIDE MORAL ET SPIRITUEL ET DE REFUS DE LA TRANSMISSION

    Ce dernier cas met encore en évidence le fait que, pour élever des enfants, il faut être soi-même porteur d’un minimum de valeurs morales et spirituelles que l’on souhaite transmettre; mais nous sommes malheureusement dans une époque de vide moral et spirituel et de refus de la transmission.

    Une fois de plus, le parallèle avec le système éducatif est pertinent; on y constate un même refus de la transmission des savoirs, ainsi qu’une tendance à médicaliser toutes les carences éducatives en recourant à des étiquettes telles que: dyslexie, dysorthographie, dyspraxie, etc. L’Éducation nationale, au lieu d’assumer ses erreurs, renvoie les enfants vers les orthophonistes, ergothérapeutes et autres spécialistes.

    Le plus tragique est qu’en se déresponsabilisant, les adultes, parents comme équipes éducatives, font de l’enfant lui-même la source du problème, et non leurs propres manquements ou erreurs: " Si l’enfant refuse de manger […], écrit encore Lasch, ils font appel à l’autorité médicale. S’il est indiscipliné, ils demandent à un psychiatre de l’aider à résoudre ses "problèmes".

    De cette façon, les parents se débarrassent de ce qui est leur propre problème – l’insubordination – pour en faire celui de l’enfant".

    Dans une récente interview, Fabrice Hadjadj, écrivain converti au catholicisme et père de dix enfants, affirmait que "le père laxiste d’aujourd’hui, avec sa négligence plus ou moins chaleureuse, crée des pervers narcissiques".

    Parce qu’on a ringardisé la notion d’autorité parentale, beaucoup de parents d’aujourd’hui croient bien faire en mettant leur enfant au centre de toutes leurs attentions, mais aussi de toutes leurs angoisses, et en cherchant constamment à le "valoriser" et à lui "donner confiance" en ne lui faisant aucun reproche. Ils créent en réalité des individus au moi fragile et narcissique, peu armés face aux épreuves de la vie et incapables de supporter la moindre remarque constructive. L’absence de cadre et d’autorité les laisse dans une forme d’insécurité affective permanente.

    À nous alors d’assumer nos responsabilités, avec la part de risques que cela comporte, en particulier celui que notre tâche éducative ne nous renvoie pas dans l’immédiat une image positive de nous-mêmes, par exemple lorsque nous devrons exercer notre autorité et passer pour le "méchant", quand certains voudraient être le copain de leur enfant. Il y a de fortes chances pour qu’à terme, nous les aidions par là à se construire vraiment, tout en nouant avec eux un lien profond, celui qui unit les générations se laissant guider, non pas par "le néant de leur pensée" comme l’écrivait saint Paul, mais par une même quête de sens.

  • Quand la beauté dialogue avec le cerveau

    Par Nishka Mohitram

    On attend généralement avec impatience ce moment que l'on consacre aux soins de la peau que ce soit chez l'esthéticienne ou à la maison. Derrière ce simple rituel se cache une science de plus en plus explorée: la neurocosmétique. Ce courant, à la croisée de la beauté et des neurosciences, repose sur une idée intrigante: et si prendre soin de sa peau, c'était aussi prendre soin de son mental?

    Née il y a une dizaine d'années mais aujourd'hui en pleine ascension, la neurocosmétique s'appuie sur ce que les chercheurs appellent le brain-skin axis. La peau et le cerveau, deux organes formés à partir des mêmes cellules dans le ventre maternel, sont intimement liés. Comme l'explique le Dr Newaj Rakesh, dermatologue, "Le cerveau et la peau se développent à partir de cellules similaires lorsque notre corps se forme dans le ventre maternel. C'est la raison pour laquelle il existe un lien direct entre le cerveau et la peau."

    En clair, le stress et l'anxiété peuvent déclencher ou aggraver des affections cutanées comme l'acné, le psoriasis ou le vitiligo. À l'inverse, vivre avec une maladie de peau lourde peut générer un stress intense. Ce cercle vicieux est bien connu des médecins, et le Dr Rakesh va même plus loin. "C'est bien connu également que le stress accélère le vieillissement cutané, faisant apparaître des rides et favorisant la chute des cheveux", rappelle le Dr Newaj.

    C'est dans cette logique qu'intervient la neurocosmétique. Elle propose d'agir sur ce dialogue peau-cerveau en développant des soins, qui cherchent à améliorer non seulement l'apparence, mais aussi l'humeur et le bien-être. "La neurocosmétique est un domaine qui utilise les neurosciences, la psychologie et la cosmétique pour développer des produits qui ciblent la voie de l'axe cerveau-peau", précise le dermatologue.

    Les formulations misent sur des ingrédients capables de procurer une expérience sensorielle et émotionnelle positive: lavande ou camomille pour apaiser, biotine et kératine pour renforcer les cheveux, peptides pour calmer les inflammations ou encore la mélatonine, antioxydant puissant, qui soutient aussi le sommeil.

    Certains traitements médicaux viennent appuyer ce lien entre apparence et santé mentale. "L'utilisation de la toxine botulinique dans la région du front peut améliorer la dépression et peut également réduire certains types de maux de tête", note le Dr Newaj, rappelant que l'effet d'un geste esthétique peut dépasser largement la seule question de l'image.

    Mais la neuro-cosmétique n'est pas une baguette magique. Pour protéger sa peau du stress du quotidien, le dermatologue insiste sur les fondamentaux: une protection solaire rigoureuse, une routine simple, qui respecte le microbiote cutané, une hydratation suffisante et une alimentation riche en fruits et légumes.

    "La meilleure approche consiste à utiliser le moins de produits possibles pour mettre en valeur votre peau. Des savons doux, une crème hydratante et une protection solaire suffisent souvent pour les soins quotidiens." Et surtout, ne pas négliger le sommeil et les techniques de relaxation comme la respiration profonde, qui aident autant l'esprit que la peau.

    La neuro-cosmétique séduit parce qu'elle s'inscrit dans une époque où la santé mentale est au centre des conversations et où le soin de soi ne se limite plus à une question esthétique. Mais il convient de garder un regard critique: la frontière entre innovation scientifique et argument marketing reste fragile. Pour le Dr Newaj, si les bienfaits existent bel et bien, ils ne remplacent pas une hygiène de vie saine ni une prise en charge médicale appropriée.

    Donc oui, tout revient aux gestes simples et aux soins de base, à une bonne alimentation et à une hygiène de vie équilibrée. Cependant l'essor de la neuro-cosmétique nous montre ce tournant, ce moment de transformation dans l'univers de la beauté, où l'accent sur le bien-être émotionnel et la santé de la peau n'a jamais été aussi fort. Cette tendance ouvre la voie vers un futur où nos routines de soin ne se limiteront plus à embellir l'extérieur mais contribueront aussi à nourrir le bien-être intérieur.