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Neurosciences - Page 13

  • Comment parler à un alien?

    Imaginez: un appareil étrange atterrit et des extra-terrestres apparaissent. Le bureau des affaires spatiales de l’ONU est en effervescence: des spécialistes de physique, chimie, biologie, communication humaine et animale sont dépêchés sur les lieux. Parmi eux se trouve peut-être un ou une linguiste, pour l’instauration d’un premier contact. Mais comment poser une question – même simple – à des extra-terrestres?

    Par quoi commencer? Comment ne pas commettre d’impair? En attendant que la situation se présente, de nombreux auteurs de science-fiction anticipent et explorent de multiples possibilités, portées parfois à l’écran comme dans le cas de Premier Contact de Denis Villeneuve (2016), film tiré du roman court L’Histoire de ta vie de Ted Chiang (1998). Voyons ce qu’une approche linguistique peut en dire.

    LA BARRIERE DE LA LANGUE

    Comment fait-on lorsque l’on se retrouve face à une personne qui parle une langue dont on ne connaît pas un seul mot? Le premier réflexe, c’est d’identifier une langue que chacun connaît, même mal – l’anglais ou l’espagnol par exemple. Le contact peut alors s’instaurer: on peut demander à l’autre " comment dit-on bonjour dans ta langue maternelle? ", puis enchaîner avec des mots désignant des objets de la vie courante, des verbes et ainsi de suite. Les linguistes de terrain qui vont dans une île du Pacifique pour décrire une langue en danger d’extinction procèdent ainsi, par le biais d’une " langue de contact ".

    Quand aucune langue de contact n’est identifiée, instaurer un contact s’avère bien plus délicat. On aura beau dire " bonjour " ou pointer du doigt vers un objet et nommer cet objet, rien ne nous dit que l’autre comprend. Et quand celui-ci prononce à son tour un mot ou fait un geste, comment savoir s’il dit qu’il a compris, s’il énonce le terme dans sa propre langue, ou s’il enchaîne avec un autre message? Certains ingrédients semblent indispensables à l’instauration d’un premier contact: le geste de désignation, notamment, ainsi que le "oui" et le "non".

    On suppose qu’un geste pointant vers un objet sert à désigner cet objet, et que le mot prononcé simultanément nomme alors l’objet. En partant de ce postulat, on peut imaginer arriver à faire apprendre à l’autre un lexique. Surtout, dès que l’on connaît le mot (ou le geste) pour "oui" et celui pour "non", alors on peut espérer progresser par essais et erreurs. Si la communication avec les animaux reste si aléatoire et insatisfaisante, c’est parce qu’il nous manque ces ingrédients de base.

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  • cette méthode danoise est la clé du bonheur

    image générée par moi avec une I.A.

    "Plus forte, plus courageuse et plus confiante"

    Louise Leboyer

    Bien que le bonheur soit un état personnel, il semble qu’à l’échelle des populations certains pays soient mieux lotis que d’autres. Le Danemark, entre autres, pourrait nous donner des idées pour être plus heureux.

    En matière de bonheur, les pays du Nord de l’Europe semblent avoir un train d’avance sur le reste du monde. Depuis 2017, la Finlande occupe la première place du classement des pays les plus heureux du monde établi par le World Happiness Report. Le pays avait détrôné la Norvège qui n’est jamais partie bien loin dans le classement. Le Danemark, lui, occupe la deuxième marche du podium depuis 2018. Avec la Suède, l’Islande et les Pays-bas également bien placés sur l’échelle du bonheur, les pays du Nord pourraient bien nous donner envie de faire nos valises.

    Si la météo et les jours d’ensoleillement peuvent nous décourager rapidement, il reste possible de s’en inspirer pour essayer d’être plus heureux chez nous. Après le dugnadsånd

    importé depuis la Norvège, le mode de vie à la danoise pourrait également vous séduire.

    LE MODE DE VIE A LA DANOISE

    "Récemment, dans le cadre de mon travail, je me suis rendue au Danemark, l'un des pays les plus heureux au monde, pour donner un cours intitulé ‘Happiness Blueprint’, confie Marina Cooley, professeure de marketing, dans un article pour CNBC. Pendant mon séjour, j'ai découvert ce que beaucoup avaient appris avant moi : les loisirs font partie intégrante de la vie au Danemark".

    Originaire des États-Unis, Marina Cooley a découvert comment les habitants de certains pays, comme au Danemark, organisaient leur emploi du temps en dehors du travail.

    "Du vélo à la couture, j’ai vu les Danois trouver du plaisir au quotidien en dehors du travail », rapporte-t-elle. De retour aux États-Unis, elle a donc décidé d’importer ce mode de vie pour en vérifier les bienfaits. En un an, elle s’est essayée à 17 activités pour agrémenter son quotidien, dont la pâtisserie, la broderie, le golf, l’équitation, la fabrication de bijoux, le mahjong, la peinture, la poterie, l’escalade ou encore le tennis.

    "Je suis ressortie de mon expérience plus forte, plus courageuse et plus confiante, assure-t-elle. Pour trouver l’équilibre, le secret est de se trouver un hobby. Vous serez naturellement amené à définir vos limites : en tant que travailleur, en tant que parent et en tant qu’individu".

    LA SCIENCE DU HOBBY

    Que l’on donne une place importante aux loisirs au Danemark ou aux États-Unis, ceux-ci semblent faire leurs preuves partout. D’ailleurs, en 2015, une étude publiée dans PLOS One avait étudié les liens entre les hobbies et la santé mentale chez les adultes d’âge moyen au Japon. Menée sur un échantillon de 16 642 adultes, âgés de 50 à 59 ans au départ, et durant six ans, l’enquête a révélé que la participation aux activités de loisirs sportives ou culturelles était significativement et positivement liée à l'état de santé mentale chez les hommes et les femmes.

    En 2023, une autre étude, publiée dans Nature Medicine, regroupait les résultats obtenus par cinq grandes études portant sur plus de 93 000 personnes à travers 16 pays. Les participants étaient tous âgés de 65 ans ou plus, et plus de 60 % souffraient de problèmes de santé mentale ou physique de longue date. Ils ont été suivis pendant quatre à huit ans. Les résultats ont révélé que les personnes qui avaient des hobbies déclaraient une meilleure santé, plus de bonheur, moins de symptômes dépressifs et une plus grande satisfaction de vie. En plus de maintenir les liens sociaux, certains hobbies, tels que les loisirs créatifs, les jeux, le jardinage, le bénévolat ou la participation à des clubs, favorisent la créativité, l'éveil sensoriel, l'expression personnelle, la relaxation et la stimulation cognitive, selon les chercheurs.

    Autant de facteurs liés à une bonne santé mentale et au bien-être, reprend la Harvard Health Letter.

  • Une œuvre sonore née d’un cerveau miniature.

    Cultivées en laboratoire, les cellules cérébrales d’un compositeur défunt rejouent quatre ans après sa mort

    La mort marque-t-elle réellement la fin du parcours de l’esprit créatif? Quatre ans après sa disparition, le compositeur Alvin Lucier semble livrer une ultime démonstration de la persistance de l’œuvre. Dans la pénombre feutrée d’une galerie d’art à Perth, des tintements métalliques aux accents de code Morse emplissent l’espace. Aucun interprète à l’horizon: seulement vingt plaques de laiton doré, un enchevêtrement de câbles, et une petite masse organique, pâle et animée de pulsations électriques. Loin de la fiction, l’installation intitulée Revivification interroge les frontières entre vie, mort et création artistique — en utilisant des cellules cérébrales de Lucier, cultivées en laboratoire.

    Figure tutélaire de la musique expérimentale américaine, Alvin Lucier s’est éteint en 2021, à l’âge de 90 ans. Pionnier de l’exploration sonore, il s’était déjà distingué en 1965 avec " Music for Solo Performer ", une œuvre où ses ondes cérébrales, captées par des électrodes, faisaient vibrer des percussions. En 1997, son " Opera with Objects " exploitait la résonance acoustique d’objets du quotidien, comme de simples crayons.

    LA RENAISSANCE CELLULAIRE D’UN COMPOSITEUR VISIONNAIRE

    À l’heure où l’intelligence artificielle imite le style d’artistes, comme en témoigne le phénomène du "Gibbli effect", "Revivification" s’engage dans une voie singulière, résolument biologique". Cette installation cherche à interroger les troublantes possibilités d’étendre la présence d’un individu au-delà des limites apparentes de la mort", explique au ArtNewspaper Nathan Thompson, l’un des concepteurs du projet, accompagné des artistes Guy Ben-Ary, Matt Gingold et du neuroscientifique Stuart Hodgetts.

    Dès 2018, l’équipe avait approché Lucier pour cette collaboration atypique. Ce n’est qu’en 2020, alors âgé de 89 ans et atteint de la maladie de Parkinson, qu’il accepta de léguer un échantillon de son sang, posant ainsi les fondements d’une création posthume hors du commun.

    UN PROCESSUS A LA FRONTIERE DE L’ART ET DE LA BIOTECHNOLOGIE

    Le processus de création de " Revivification " est aussi audacieux que méthodique. Les cellules mono-nucléées issues du sang de Lucier ont été reprogrammées en cellules souches pluripotentes. Sous la supervision du Dr Hodgetts, elles ont ensuite été transformées en organoïdes cérébraux – de petits amas tridimensionnels de neurones reproduisant certaines fonctions du cerveau humain.

    Pour donner forme sonore à cette matière vivante, les chercheurs ont mis au point une technologie sur mesure: les organoïdes ont été implantés sur une trame ultrafine de 64 électrodes. Ce dispositif, conçu en partenariat avec un bio-ingénieur allemand, permet d’enregistrer l’activité neuronale en profondeur, reproduisant partiellement la complexité d’un cerveau en développement. Gingold a ensuite adapté une plateforme open source pour interpréter ces signaux et les convertir en sons.

    Dès lors, l’installation fonctionne comme un système interactif bidirectionnel. Le "cerveau in vitro", logé dans un socle conçu spécialement, génère une activité électrique. Chaque impulsion y est traduite en une note sonore, activant un transducteur et un maillet derrière chacune des vingt plaques de laiton. Il en résulte une composition sonore en perpétuel mouvement, à la fois mécanique et sensible.

    Mais ce n’est pas tout: le dispositif capte également les sons ambiants grâce à des microphones disposés dans la galerie. Voix des visiteurs, vibrations métalliques et autres bruissements sont transformés en signaux électriques, renvoyés à l’organoïde. Cette boucle d’interaction, à la fois sensorielle et neurologique, ouvre la voie à une hypothèse vertigineuse: celle d’un apprentissage neuronal". Nous nous demandons s’il pourra évoluer, voire apprendre ", explique Ben-Ary, évoquant une possible plasticité neuronale de cette entité biologique.

    ART, SCIENCE ET VERTIGE ETHIQUE

    Si les concepteurs de "Revivification" voient dans cette installation une forme de prolongement de la pensée artistique de Lucier, elle soulève de redoutables questions éthiques, philosophiques, voire métaphysiques.

    Dans un entretien relayé par NPR, Indre Viskontas, neuroscientifique cognitive à l’Université de San Francisco, spécialiste de la créativité, précise: "La créativité repose sur deux piliers: la nouveauté, indéniable ici, et l’intention consciente – ce qui, à mon sens, fait défaut dans ce cas".

    L’organoïde n’étant porteur d’aucune volonté, peut-on encore parler de création? La question, centrale, traverse toute l’œuvre: "Et si une étincelle de souvenir subsistait dans cette transformation? L’essence créatrice de Lucier peut-elle survivre à sa mort?".

    L’ambition du collectif va plus loin encore. Ben-Ary souhaite que cette interprétation de substitution poursuive indéfiniment son évolution, produisant " de nouveaux souvenirs " et "nouvelles histoires".

    Avec cette démarche originale, l’équipe ouvre une nouvelle page dans l’histoire de l’art posthume – bien au-delà des simulations numériques ou des intelligences artificielles.