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Science - Page 7

  • Pourquoi tout le monde n’a pas le sens de l’orientation

    Vous êtes plutôt du genre à vous repérer partout dès la première fois, ou à encore sortir le GPS après plusieurs années dans le même quartier? Ah! le fameux "sens de l’orientatio "! On entend souvent que les femmes en manqueraient, tandis que les hommes posséderaient "un GPS intégré".

    Mais la réalité est beaucoup plus subtile… Alors, d’où vient ce "sens de l’orientation", et pourquoi diffère-t-il tant d’une personne à l’autre?

    Vous marchez dans la rue à la recherche de l’adresse que votre amie vous a donnée… mais qu’est-ce qui se passe dans votre cerveau à ce moment-là? La navigation spatiale mobilise un véritable orchestre de nombreuses fonctions cognitives.

    D’un côté, des processus dits de "haut niveau": localiser son corps dans l’espace, se représenter mentalement un environnement, utiliser sa mémoire, planifier un itinéraire ou encore maintenir un objectif. De l’autre, des processus plus automatiques prennent le relais: avancer, ralentir, tourner… sans même y penser.

    En réalité, le "sens de l’orientation" n’est pas une capacité unique, mais un ensemble de tâches coordonnées, réparties entre différentes zones du cerveau, qui travaillent de concert pour que vous arriviez à bon port.

    LE CERVEAU CARTOGRAPHE

    S’il existe bien une structure cérébrale particulièrement impliquée, c’est l’hippocampe. Cette structure jumelle, une par hémisphère, possède une forme allongée qui rappelle le poisson dont elle tire son nom.

    Son rôle dans la navigation spatiale est souvent illustré par une étude devenue emblématique.

    L’équipe de recherche s’intéressait à la plasticité cérébrale, cette capacité du cerveau à se réorganiser et à adapter ses connexions en fonction des apprentissages. Elle a alors remarqué que la partie postérieure de l’hippocampe des conducteurs et conductrices de taxi à Londres était plus développée que celle de personnes n’ayant pas à mémoriser le plan complexe de la ville et qui n’y naviguent pas au quotidien. Preuve, s’il en fallait, que notre cerveau s’adapte selon les expériences.

    LE SENS DE L’ORIENTATION N’EST PAS INNE

    C’est une des questions qu’a voulu explorer Antoine Coutrot au sein d’une équipe internationale, en développant Sea Hero Quest, un jeu mobile conçu pour évaluer nos capacités de navigation. Le jeu a permis de collecter les données de plus de 2,5 millions de personnes à travers le monde, du jamais vu à cette échelle pour le domaine.

    Les participants ne partageaient pas seulement leurs performances dans le jeu, mais fournissaient également des informations démographiques (âge, genre, niveau d’éducation, etc.), la ville dans laquelle iels avaient grandi, ou encore leurs habitudes de sommeil.

    Alors, les hommes ont-ils vraiment "un GPS dans la tête"?

    Pas tout à fait.

    Les données révèlent bien une différence moyenne entre les sexes, mais cette différence est loin d’être universelle: elle varie en fonction du pays, et tend à disparaître dans ceux où l’égalité de genre est la plus forte. En Norvège ou en Finlande, l’écart est quasi nul, contrairement au Liban ou à l’Iran.

    Ce ne serait donc pas le sexe, mais les inégalités sociales et les stéréotypes culturels qui peuvent, à force, affecter la confiance des personnes en leur capacité à se repérer, et donc leurs performances réelles.

    L’âge joue aussi un rôle: durant l’enfance, nous développons très tôt les compétences nécessaires à l’orientation et à la navigation spatiales. Après 60 ans, les capacités visuospatiales déclinent, tout comme le sens de l’orientation, qui repose, comme on l’a vu, sur de nombreuses fonctions cognitives.

    L’endroit dans lequel on grandit semble également impliqué. Celles et ceux qui ont grandi dans de petits villages sont souvent plus à l’aise dans de grands espaces. À l’inverse, les citadins, habitués à tout avoir à quelques pas, se repèrent mieux dans les environnements denses et complexes.

    La forme même de la ville, et plus précisément son niveau d’organisation (que l’on appelle parfois "entropie"), influence également nos capacités d’orientation. Certaines villes très organisées, aux rues bien alignées, comme de nombreuses villes états-uniennes, présentent une entropie faible. D’autres, comme Paris, Prague ou Rome, plus "désorganisées" à première vue, possèdent une entropie plus élevée. Et ce sont justement les personnes ayant grandi dans ces villes à forte entropie qui semblent développer un meilleur sens de l’orientation.

    Même l’âge auquel on apprend à conduire peut jouer. Les adolescents qui prennent le volant avant 18 ans semblent mieux se repérer que celles et ceux qui s’y mettent plus tard. Une exposition plus précoce à la navigation en autonomie sans aide extérieure (adulte, GPS…) pourrait donc renforcer ces compétences.

    En somme, ce qu’on appelle le sens de l’orientation n’est pas prédéfini. Il se construit au fil des expériences, de l’environnement, et des apprentissages.

    Auteur: Mme Atlas Thébault Guiochon - Ingénieur en neurosciences cognitives et Enseignante, Université Lumière Lyon 2

     

    P.S.: j'ai supprimé toutes les indications wokes!

  • Pourquoi y-a-t-il des odeurs chez les gens

    que l'on aime et d'autres que l'on n'aime pas?

    La question cache l'un des mystères les plus fascinants de notre cerveau. Hirac Gurden, chercheur en neurosciences au CNRS spécialisé dans l'odorat, révèle que cette alchimie olfactive se joue dès la naissance.

    Hirac Gurden, directeur de recherche en neurosciences au CNRS, spécialiste de l'étude des sens et particulièrement de l'odorat

    "Généralement, quand on est enfant, on aime les odeurs des corps que l'on connaît bien depuis que l'on est tout bébé.

    Et comme notre sens de l'odorat est très important pour notre vie, on va retenir très fortement les parfums de nos parents et de nos grands-parents", explique Hirac Gurden, directeur de recherches en neurosciences au CNRS, spécialisé dans l'odorat .

    Ces parfums familiaux s'ancrent profondément dans notre mémoire et deviennent "des souvenirs agréables les plus forts de notre vie", capables de ressurgir intact des décennies plus tard.

     

  • Quand la beauté dialogue avec le cerveau

    Par Nishka Mohitram

    On attend généralement avec impatience ce moment que l'on consacre aux soins de la peau que ce soit chez l'esthéticienne ou à la maison. Derrière ce simple rituel se cache une science de plus en plus explorée: la neurocosmétique. Ce courant, à la croisée de la beauté et des neurosciences, repose sur une idée intrigante: et si prendre soin de sa peau, c'était aussi prendre soin de son mental?

    Née il y a une dizaine d'années mais aujourd'hui en pleine ascension, la neurocosmétique s'appuie sur ce que les chercheurs appellent le brain-skin axis. La peau et le cerveau, deux organes formés à partir des mêmes cellules dans le ventre maternel, sont intimement liés. Comme l'explique le Dr Newaj Rakesh, dermatologue, "Le cerveau et la peau se développent à partir de cellules similaires lorsque notre corps se forme dans le ventre maternel. C'est la raison pour laquelle il existe un lien direct entre le cerveau et la peau."

    En clair, le stress et l'anxiété peuvent déclencher ou aggraver des affections cutanées comme l'acné, le psoriasis ou le vitiligo. À l'inverse, vivre avec une maladie de peau lourde peut générer un stress intense. Ce cercle vicieux est bien connu des médecins, et le Dr Rakesh va même plus loin. "C'est bien connu également que le stress accélère le vieillissement cutané, faisant apparaître des rides et favorisant la chute des cheveux", rappelle le Dr Newaj.

    C'est dans cette logique qu'intervient la neurocosmétique. Elle propose d'agir sur ce dialogue peau-cerveau en développant des soins, qui cherchent à améliorer non seulement l'apparence, mais aussi l'humeur et le bien-être. "La neurocosmétique est un domaine qui utilise les neurosciences, la psychologie et la cosmétique pour développer des produits qui ciblent la voie de l'axe cerveau-peau", précise le dermatologue.

    Les formulations misent sur des ingrédients capables de procurer une expérience sensorielle et émotionnelle positive: lavande ou camomille pour apaiser, biotine et kératine pour renforcer les cheveux, peptides pour calmer les inflammations ou encore la mélatonine, antioxydant puissant, qui soutient aussi le sommeil.

    Certains traitements médicaux viennent appuyer ce lien entre apparence et santé mentale. "L'utilisation de la toxine botulinique dans la région du front peut améliorer la dépression et peut également réduire certains types de maux de tête", note le Dr Newaj, rappelant que l'effet d'un geste esthétique peut dépasser largement la seule question de l'image.

    Mais la neuro-cosmétique n'est pas une baguette magique. Pour protéger sa peau du stress du quotidien, le dermatologue insiste sur les fondamentaux: une protection solaire rigoureuse, une routine simple, qui respecte le microbiote cutané, une hydratation suffisante et une alimentation riche en fruits et légumes.

    "La meilleure approche consiste à utiliser le moins de produits possibles pour mettre en valeur votre peau. Des savons doux, une crème hydratante et une protection solaire suffisent souvent pour les soins quotidiens." Et surtout, ne pas négliger le sommeil et les techniques de relaxation comme la respiration profonde, qui aident autant l'esprit que la peau.

    La neuro-cosmétique séduit parce qu'elle s'inscrit dans une époque où la santé mentale est au centre des conversations et où le soin de soi ne se limite plus à une question esthétique. Mais il convient de garder un regard critique: la frontière entre innovation scientifique et argument marketing reste fragile. Pour le Dr Newaj, si les bienfaits existent bel et bien, ils ne remplacent pas une hygiène de vie saine ni une prise en charge médicale appropriée.

    Donc oui, tout revient aux gestes simples et aux soins de base, à une bonne alimentation et à une hygiène de vie équilibrée. Cependant l'essor de la neuro-cosmétique nous montre ce tournant, ce moment de transformation dans l'univers de la beauté, où l'accent sur le bien-être émotionnel et la santé de la peau n'a jamais été aussi fort. Cette tendance ouvre la voie vers un futur où nos routines de soin ne se limiteront plus à embellir l'extérieur mais contribueront aussi à nourrir le bien-être intérieur.